Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/684

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— hindous comme musulmans — donnèrent la preuve la plus convaincante de leur loyauté et soutinrent libéralement, en hommes et en argent, la cause des puissances de l’Entente. Les classes guerrières fournirent 700 000 hommes — sur lesquels 400 000 se recrutèrent au Punjab — qui vinrent renforcer notre armée[1].

La division de Lahore rejoignit le front le 20 octobre 1914, et le contingent indien prit vaillamment part aux combats furieux qui suivirent. L’intervention des troupes indiennes à ce moment fut de grande importance pour les armées alliées ; et, en Mésopotamie, en Palestine, dans la presqu’île de Gallipoli, elles se dévouèrent à la cause commune. Les hommes et les ressources de l’Inde contribuèrent puissamment à la victoire finale de l’Entente.

Tandis que musulmans, Rajputs, Sikhs, Gurkas et Marathas servaient avec distinction sur tous les théâtres de la guerre, l’intelligentsia saisit toutes les occasions de provoquer des troubles et fit tout ce qui était en son pouvoir pour embarrasser le gouvernement indien. Le « Congrès national », organisation politique hindoue, avait été dissous à Suvat en 1907. Les membres extrémistes en avaient été expulsés, à la suite de rixes qui nécessitèrent l’intervention de la police britannique. La dissolution fut de courte durée et les extrémistes purent reconstituer la machine entière et s’en servir contre le gouvernement. La « Ligue musulmane », sans caractère politique à l’origine, se vit attirée dans le tourbillon, et des chefs hindous, comme Gandhi, prirent avantage du fanatisme mahométan. L’alliance des chefs des deux grandes communautés n’avait rien fait d’ailleurs pour calmer l’antagonisme de leurs adhérents. Des musulmans, au Malabar, ayant assassiné, torturé, outragé un grand nombre d’Hindous sans défense, Gandhi expliqua, avec complaisance, qu’ils avaient « combattu pour leur religion ».

Le mouvement général pour le Home Rule (comportant la fin de l’autorité britannique), fut soudain déclenché, en octobre 1916, par 19 membres du Conseil du Vice-roi, qui

  1. Le Bengale, la province la plus avancée de l’Inde, ne put, sur 50 millions d’habitants, fournir qu’un seul bataillon, qui s’avéra d’ailleurs fort au-dessous de sa tâche.