Page:Revue de Paris, 40è année, Tome IV, Juil-Août 1933.djvu/462

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nant de ce que les gares de l’Est et du Nord, depuis l’arrivée de Victor Hugo le 5 septembre 1871, jusqu’à la mobilisation du 2 août 1914, ont représenté pour le peuple de Paris, vous voulez bien penser sans ironie que l’omnibus à chevaux Montrouge-Gare-de-l’Est, par les boulevards de Sébastopol et de Strasbourg, avec François Coppée sur l’impériale, passait vraiment par une voie géographique de la poésie parisienne, analogue au Val de Loir ronsardien ou à la route lamartinienne de Bourgogne, je ne trouverai pas cela si ridicule.

Nous avons dit qu’on ne saurait, avec la meilleure volonté du monde, grouper une école autour de Mendès, en poésie le type même de l’héritier et de l’Épigone. Ce n’est même pas un funambule, car le fondateur de la Revue fantaisiste ne manqua de rien plus que de fantaisie. Mais comme conteur intarissable, et d’ailleurs goûté, son nom figura trente ans dans les journaux presque côte à côte avec celui d’Armand Silvestre. L’Homme tout nu ou Pour lire au bain de Mendès ont fait pendant au Commandant Laripète et aux Histoires joviales de Silvestre. Et pareillement leurs milliers de vers parnassiens, dont Silvestre écrivit une dizaine de volumes, sans compter autant de drames en vers. Ils ont laissé dans les lettres deux noms de bazars. Les deux bazars littéraires, aussi variés, aussi brillants, aussi achalandés l’un que l’autre, se complétaient l’un l’autre, l’un au coin du quai, l’autre un peu plus haut. Avec tout cela, Silvestre, comme Mendès, a adoré la poésie, d’un bel amour pur, qui ne trompe pas. Le cœur de l’homme n’est pas simple, le cœur du poète moins encore. Avec plus ou moins de succès, dans les conditions variées que leur faisaient leurs fortunes, tous les Parnassiens ont eu ceci de commun qu’ils ont aimé généreusement la Muse, ne l’ont jamais trahie sans remords, ont fait, derrière leurs bannières et leurs saints, une corporation de métier, d’allure antique, de volonté unanime. Le regard aujourd’hui ne retrouve pas sans admiration cette procession stylisée sur des bas-reliefs et des vitraux. Vieux Parnassien ! Ce mot rend encore, sous la plume, un son authentiquement noble, comme sonnent Vieux de la Vieille ou Vieux républi-