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LE SOVIET DE PÉTROGRAD

I

De tous les organismes créés par la dernière Révolution russe, le Conseil des Soldats et des Ouvriers a le plus étonné l’opinion publique en France. Il ne répond à aucun des rouages auxquels nous a habitués la longue histoire de nos tourmentes révolutionnaires. Le langage tenu par ce Conseil dans ses manifestes nous a même effrayés, et notre inquiétude s’est parfois traduite par des appréciations injustes, ce qui a provoqué un mécontentement non dissimulé dans une partie de la presse russe.

Au moment où les deux démocraties unissent leurs forces pour vaincre un ennemi commun, quand elles tentent de réaliser, par un effort combiné, un idéal de justice internationale, il importe qu’elles s’expliquent et s’entendent.

Le malentendu provient d’abord d’une certaine méconnaissance de la mentalité russe, et de ce que nous faisons trop abstraction du passé des révolutionnaires russes, soudainement appelés à prendre la tête du mouvement ; il provient aussi de ce que certains détails de la Révolution nous sont fort mal connus.


Commençons d’abord par expliquer ce qu’est le Conseil des Ouvriers et des Soldats, que l’on nomme en russe le Soviet, tout court. Il est une création spontanée, comme, dans les révolutions françaises, les gouvernements de l’Hôtel de Ville ; mais pour bien le comprendre, il faut se représenter exactement la marche de la Révolution russe.