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LA REVUE DE PARIS

Le Soviet, ainsi défini dans sa composition et dans ses tendances, a créé des sections, dont l’une s’occupe des questions de politique extérieure. C’est elle qui a élaboré l’appel aux peuples au nom des socialistes russes et la convocation à une conférence internationale.

Le Soviet a un organe qui s’appelle Izwésti, bulletin ou « Informations », dans lequel sont publiées les décisions officielles du comité et aussi — il ne faut pas l’oublier — des articles de collaborateurs qui expriment leurs opinions particulières et n’engagent pas la majorité. De ces articles, on a parfois détaché des fragments pour en faire endosser les tendances à tout le Soviet, d’où des erreurs et des confusions regrettables.

À peine organisé, le Soviet a obtenu des adhésions dans toutes les régions de la Russie, où d’autres soviets ont été créés, avec la même composition, comprenant à la fois des ouvriers et des soldats, parfois des officiers ; souvent, ces derniers ont formé un conseil à part.

D’autre part, reprenant également une tradition établie en 1905, des congrès paysans ont commencé à fonctionner, avec l’encouragement des soviets ; ils représentent plus spécialement les aspirations des masses rurales.

L’armée a reçu le droit de nommer des délégués pris dans chaque compagnie ; ils ont tenu des congrès, pris des résolutions.

Entre ces divers rouages, un lien s’est établi ; les délégués de l’armée gravitent autour des soviets, et notamment autour du Soviet de Pétrograd qui, groupant ainsi autour de lui les ouvriers organisés et les délégués de l’armée, c’est-à-dire les forces agissantes des masses révolutionnaires, dispose d’une grande puissance. Le Gouvernement provisoire, sans son aide, ne pouvait gouverner et unifier la Russie nouvelle.

Mais comment ces deux pouvoirs allaient-ils s’entendre ? En vertu de ses principes classiques, le parti socialiste ne pouvait pas participer au pouvoir ; il ne pouvait que contrôler ; mais ayant le pouvoir effectif ou, si l’on veut, la force, son pouvoir de contrôle frisait de très près le gouvernement.

Le Soviet de Pétrograd s’est très énergiquement défendu de toute idée de s’immiscer dans le pouvoir et de créer un dua-