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LA REVUE DE PARIS

une honte pour la démocratie russe et pour l’Internationale. Seule, une paix universelle peut résoudre le problème de la guerre. La paix doit avoir pour base le droit des peuples à disposer de leurs destinées, et exclure toutes contributions et indemnités. En attendant cette paix, l’armée doit garder toute sa force combative et être prête à l’offensive.

Comme moyen pratique d’arriver à cette paix, le socialisme russe, agissant comme organe de l’Internationale, convoque une conférence internationale, où doivent s’élaborer les principes du nouveau droit international. Le public, en Europe, a vu dans cet appel à la paix universelle un acte déplorable ; il lui a attribué l’inaction de l’armée russe et les désertions en masse. On a été jusqu’à insinuer que le Soviet penchait pour une entente avec l’Allemagne. Les documents que nous citerons, et qui datent du mois de mars 1917, prouvent que cette opinion est complètement erronée et qu’au contraire le Soviet a usé de toute son autorité pour maintenir les soldats dans les tranchées, pour leur faire comprendre que désormais, la guerre n’étant plus une guerre de conquête, mais une guerre d’émancipation, en vue d’établir les bases d’une paix durable et bienfaisante, les soldats de la Révolution doivent déployer plus de bravoure que jamais.

Il s’est trouvé qu’en fait le Soviet a été meilleur psychologue que les observateurs étrangers : tandis que la prise de Constantinople, l’annexion de la Galicie n’enflammaient plus l’imagination des soldats et des masses révolutionnaires, l’idée de faire ce que les révolutionnaires appellent, dans leurs documents, une « guerre d’émancipation » les a ramenés dans les tranchées, a maintenu la discipline et les a conduits dans les batailles où, d’après l’aveu des communiqués allemands, les soldats russes se sont montrés plus braves que jamais.

On verra par la succession des extraits qui vont suivre comment, à mesure que le Soviet s’employait à démontrer la nécessité d’une guerre offensive, il multipliait ses efforts pour hâter la convocation d’une conférence internationale ; à la date du 30 juin, les journaux annoncent que les délégués du Soviet partent pour Stockholm : et le 1er juillet se déclenche l’offensive russe en Galicie ; le 2 juillet, le Soviet de toutes