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LA REVUE DE PARIS

défendiez la culture de l’Europe contre le despotisme asiatique. Beaucoup d’entre vous ont vu, dans ce fait, la justification de l’appui que vous avez prêté à la guerre. Désormais, ce prétexte n’existe plus ; la Russie démocratique n’est plus une menace à la liberté et à la civilisation… Nous défendrons énergiquement notre propre liberté contre toutes les tentatives réactionnaires, aussi bien extérieures qu’intérieures. La Russie révolutionnaire ne reculera pas devant les baïonnettes de l’envahisseur et ne se laissera pas écraser par une force extérieure ; nous vous appelons ! Secouez, vous aussi, à notre exemple, le joug de votre pouvoir semi-autocratique… ; n’acceptez plus d’être un instrument de conquête entre les mains de vos rois, de vos propriétaires fonciers et de vos banquiers ; par des efforts combinés, tâchons de mettre fin à ces sanglants massacres qui souillent l’humanité et qui attristent les grands jours de la naissance de la liberté russe.


Que l’on note bien que ce manifeste n’est pas dû à l’inspiration de Lénine, qui n’était pas encore arrivé en ce moment en Russie. Le rédacteur et l’auteur du manifeste et des résolutions qui l’ont suivi est Tzeretelli, le ministre des Postes et Télégraphes, qui, dans le Gouvernement actuel, a montré, avec Kerenski, le plus de sens gouvernemental. Le manifeste a été suivi de commentaires, de réserves et de discussions, et c’est là que Tzeretelli a eu l’occasion d’expliquer sa pensée :


Dans cet appel aux nations de l’univers du 14 mars, le Conseil des Ouvriers et des Soldats annonçait la ferme intention de la démocratie russe de réaliser, dans le domaine de la politique extérieure, les principes de liberté et de justice qu’elle est décidée à appliquer dans sa vie intérieure… Mais ces conditions ne sont pas encore réalisées et, tant que dure la guerre, la démocratie russe reconnaît que l’ébranlement de l’armée, l’affaiblissement de sa force, de sa stabilité, de son aptitude aux opérations actives seraient le plus grand coup qu’on pourrait porter à la liberté et aux intérêts vitaux du pays. Précisément pour défendre énergiquement la Russie révolutionnaire contre toutes les atteintes du dehors, pour lui permettre d’opposer une résistance résolue à toutes les tentatives faites pour arrêter son développement, le Conseil des Ouvriers et des Soldats appelle la Russie démocratique à mobiliser toutes les forces vives du pays, afin de renforcer le front et l’arrière : cela est impérieusement exigé, dans les moments que nous traversons, pour assurer le succès de la Révolution russe. Le Conseil des Ouvriers et des Soldats fait un appel pressant aux ouvriers de toutes les usines, aux employés des chemins de fer, des mines, des postes et télégraphes et de toutes les autres entreprises qui travaillent pour l’armée, afin de mener le travail avec la plus grande intensité. Non seulement les conquêtes écono-