Page:Revue de Paris - 1835 - tome 23-24.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
97
REVUE DE PARIS

Laboureur aussy ô (a) son soc.
Cardinal, évesque ô sa chappe.
Nul d’eulx jamais de là n’eschappe,
        Que ne les happe
Le dyable avec un ardent Croc.
Mys ilz sont en obscure trappe
        Puis fort les frappe,
        Avec sa rappe
Au feu les mettant en un bloc.

Ce voyage infernal, qui se passait en grande partie en récits et en énumërations, est calqué, comme tous ceux de la même époque, sur la vision du moine irlandais, qui prétendait avoir pénétré en enfer, par le fameux trou de saint Pattrick.

S’il arriva que les moralistes affectèrent souvent la forme ascétique des mystères, les sotties, qu’on fait généralement remonter au règne de Charles VI, n’empruntèrent aux premières que leurs intentions satiriques. Exécutées par la société des Enfans sans souci, dont le chef, le prince des sots, leur avait donné son nom, elles avaient pour but de tourner la sottise en ridicule, en se prenant plus particulièrement à l’événement du jour : c’était le vaudeville du temps. La haute magistrature et le clergé y étaient souvent attaqués avec une grande violence, comme on le voit dans le jeu du Prince des Sots et de Mère Sotte, composé à l’instigation de Louis XII, à l’époque de ses démêlés avec Jules II, à l’occasion de la pragmatique. La Mère Sotte y paraissait la tiare en tète, vêtue d’habits pontificaux, et déclarait ses projets dans cette tirade, un peu plus hardie, eu égard à l’époque, que le fameux vers de Boileau. C’est l’Église qui parle : <poem style="margin-left:7em; font-size:90%">

Je veux trahir princes et rois, Voire quelque chose qu’il en couste, Et tenir somptueux arroys ; Me miraïit à faire des rois. Bref j’appotte (désire) qu’on me redoute. Le temporel veux acquérir Et faire mon renom florir, Eu brief vêla mon entreprise.