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REVUE DE PARIS

Je me dis Mère saincte Eglise,
Je veux bien qu’un chacun le note,
Je maoldis, anatémise,
Mais sous l’habit pour ma devise
Porte l’habit de Mère Sotte.
Dieu scay qu’on dit que je radotte
Et que suis folle en ma vieillesse.
Mais fais grumeler à ma porte
Mon fils le prince (Louis XII) en telle sorte
u’il diminue sa noblesse.

Une pièce qui traite du même sujet, la sottie du Nouveau-Monde, où figure Légat Bénéfice-Grand et Bénéfice-Petit, fut aussi composé à l’occasion des démêlés de la pragmatique, comme l’indiquent ces quatre vers en forme d’épilogue ;


Prince (Louis XII) qui mets, tous faits en excellence.
Cette balance (justice pontificale) est pleine d’insolence.
D’un coup de lance, rends-la donc toute étique,
En remettant surtout la pragmatique.

Une autre pièce de Gringore, également dirigée contre la cour de Rome, porte le nom de la Chasse du cerf des cerfs, par allusion au titre de servus servorum Dei, que prennent les papes.

Une sottie, analysée par les frères Parfait et par tous ceux qui les ont servilement copiés, offre plusieurs indications précieuses sur la mise en scène de ce genre de pièces. Abus, le principal personnage, ou plutôt qui remplit le rôle confié aux coryphées des tragédies grecques, a séduit le Vieux-Monde, qui se plaint amèrement de voir chaque jour diminuer son pouvoir ; il lui persuade que, pour se concilier les esprits, il n’est que le plaisir. Après l’avoir « endormi », il va frapper successivement à divers arbres, dont les écriteaux indiquent qu’ils servent chacun de demeure à quelque vice. Le premier est l’arbre de la Dissolution ; il en sort un personnage travesti en homme d’église : c’est Sot-Dissolu, qui court tout le théâtre en criant comme un chasseur à l’oiseau :


Vole ! vole ! vole ! vole !