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REVUE DE PARIS

CHRONIQUE.

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Le musique est rentrée à Paris le l*""" octobre, et la salle Favart est depuis lors possédée par les heureux rfJ ?cNfl)i/i, ses admirateurs zélés et fidèles, qui ont eu soin de prendre à temps hypothèque sur les produits merveilleux de Rubini, de Lablache, de Tamburini, de M’^'^Grisi, et de leurs dignes compagnons de gloire et de fortune. Cette salle , précieux enclos où sonne la musique du grand maître, où les Puritains t’ont tonner leur belliqueux appel, où la belle Giulia fait tour à tour éclater avec énergie les angoisses d’Anne de Boylen ou les brillantes folies du boléro d’Elvira, les trilles, les gammes chromatiques, les arpèges enlevés avec autant d’agilité que de coquetterie dont cette épousée pare son ramage, voile harmonieux bien plus éblouissant que le tissu d’argent qu’elle déploie sur sa coiffure ; ce théâtre où la verve si spirituelle et si comique de Lablache, de Santini, excite des transports de gaieté, fait couler des larmes de plaisir des beaux yeux que Rubini, Tamburini, ont fait pleurer d’mie autre manière ; ce tliéâtre, car il faut bien que je termine ma période et que j’arrive enfin A la cadence, ce théâtre, dis-je, est paisiblement possédé par ime société fashionablc et constante. Les virtuoses italiens ne chanteront que pour nous ; il n’y a plus de privilèges, ont-ils dit, nous saurons les faire renaître ; à nous le monopole de la mélodie par excellence, à nous les roulades brillantes et les touchantes cavalincs ; et l(>ur i)rqjet, en apparence téméraire, aristocrati(pie, et que nos idées de liberté semblaient frapper d’anathème, s’est acconqjli de la niaiiièicla piMssiiupl<>. la plus naturelle, je pourrais dire la |)lus niaise. Ces diJcttiinli se sonl levés plus malin que les autres, ont payé d’avance toutes les loges, loutcs les stalles, à leurs risques et périls, pour la saison entière, et

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