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souvent aussi ce sont des scènes infernales, des branles dansés par les diables ; ces pauses sont ordinairement indiquées ainsi dans les manuscrits : Hic stultus loquitur.

L’orchestre était, en général, uniquement composé de quelque orgue portative ; mais, dans certains cas, les acteurs exécutaient eux-mêmes sur la scène les morceaux qui faisaient partie du rôle.

Dans le Mystère de l’Incarnation et Nativité, le prophète David qui ouvrait la scène en prophétisant la venue du Christ, devait accompagner avec la harpe une partie de son rôle qu’il était obligé de chanter. Lorsqu’on ne pouvait trouver un acteur qui pût chanter et jouer de cet instrument, on supprimait le chant. C’est ce que nous apprend la note marginale.

« Adonc harpe, s’il est harpeur, ou sinon laisse cette dernière clause depuis ce lieu-là, etc… »

Le Mystère de la Résurrection de saint Michel commence par le Veni, Redemptor geniiinn, que chantent les pères des limbes, et lorsque Jésus vient les délivrer, ils chantent : Conditor aime siderum ; lorsqu’il les conduit au paradis terrestre : Hœc dies quad fecit Dominus ; lorsqu’il les conduit au ciel : Rex altissime, Jesus nostra redemptio, Regina cœli lœtare, alleluia ; et enfin, lorsqu’il les a conduits au ciel : Omnis pulchritudo Domini, exalta est super sidera. Quand les fidèles attendent le Saint-Esprit, ils chantent : Veni, sancte spiritus ; quand il descend : Veni, creator spiritus ; quand il est descendu : Qui Paracletus.

On ne trouve rien de bien positif sur la durée de la représentation des mystères, et l’on peut dire qu’ils duraient tantôt plus, tantôt moins, selon la volonté ou la commodité des acteurs, qui en jouaient le nombre de portions qu’ils voulaient, et reprenaient la suite le lendemain et les jours suivans. Si ceux de la Passion, de la Vengeance, de la Destruction de Troie, et quelques autres, ont été quelquefois représentés dans l’espace de temps indiqué par le titre, c’est qu’on commençait dès le matin, on faisait une pause sur le midi, et le reste de la journée se représentait dans l’après-dînée ; c’est ce qui fut particulièrement observé à Metz en 1437, et à Angers en 1486.

Le Mystère de l’Incarnation et Nativité de Notre-Seigneur durait