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LA

SAMARITAINE

Seconde Partie[1]

Séparateur

Un an s’était écoulé depuis le mariage de Liona, et Manzi, aussi intéressé qu’elle à étouffer une affaire où son rôle n’avait pas été des plus canoniques, avait, à force de prières, obtenu le silence de ses complices. Un bruit sourd avait bien transpire, et l’on savait confusément dans Bologne que Tonino devait être à peu près marié avec le modèle de son oncle. Mais, comme on ne rencontrait plus Liona nulle part, après s’en être occupe huit jours, on avait fini par ne pas plus songer à elle que si elle n’avait jamais existe. Quant à Tonino, uniquement occupé de son art, où il avait fait d’étonnans progrès, et renfermé dans une villa qu’il avait louée a quelques milles dans les Apennins, il ne paraissait a la ville que quand il y était rappelé par ses travaux ; il avait même, en homme qui veut faire une fin, à peu près rompu avec tous ses anciens compagnons d’atelier et de débauche. Son oncle, ravi de ses progrès, lui gardait bien un peu rancune de lui avoir enlevé le plus beau de ses modèles ; mais, à cela près, le bon Annibal ne trouvait, dans sa morale d’oncle et d’artiste, pas grand’chose à redire à une liaison qui avait fait de son neveu un peintre et un homme

  1. Voyez la livraison piécédente, du 25 octobre.