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REVUE DE PARIS.


XIV.


Lorsque M. le comte d’Argenson se fut, ainsi que nous l’avons vu, débarrassé du prieur, maître paisible de la place, il se prit à considérer attentivement le lieu où il se trouvait. C’était une espèce de petite chambre ayant deux toises au plus en tous sens, bâtie tout en pierres fort propres et fort bien assemblées. De très grandes et très belles dalles de liais ajustées avec symétrie recouvraient le sol. Une frise basse régnait tout autour des murailles, et la voûte en berceau surbaissé, appareillée à l’allemande par une main très habile, posait sur une architrave d’un dessin très simple, mais de bon goût.

M. d’Argenson commençait a se demander d’où pouvait provenir cette construction souterraine, à quel usage elle avait pu être destinée ? Et comme il était, à ce qu’il paraît, de l’école historique qui voulait, je ne sais sous quel vain prétexte, que la bonne Isis autrefois eût quitté son beau pays d’Orient pour venir se faire adorer dans la banlieue de Lutèce, il cherchait déjà à reconnaître dans cette maçonnerie toute fraîche et toute moderne si ce n’était pas quelque antique substruction, quelques restes d’un temple jadis élevé sur cet emplacement, en l’honneur de la susdite déesse, quand tout à coup il aperçut au niveau du sol, tout à fleur des dalles, dans un angle du caveau, du côté opposé aux degrés que notre cher prieur avait descendus d’une façon si périlleuse, une ouverture ou orifice à peu près semblable a l’embouchure d’un puits, et de même dia-mètre.

Sa surprise fut grande, sa surprise archéologique, veux-je dire, et passant à de nouvelles inductions, il se mit à examiner ce que pouvait être cette solution de continuité dans le sol, et quels pouvaient en être le but et le sens.

Il vit alors au-dessous de lui, dans la profondeur de cette espèce de cylindre, une suite de degrés de pierre se superposant, s’attachant à un limon commun, et formant ce qu’on appelle vulgairement un escalier en spirale, une vis d’Archimède, comme il s’en trouve encore dans de vieux édifices gothiques, dans l’intérieur des clochers et des tours.

Le serviteur de M. le lieutenant-général qui tout d’abord, lanterne en main, s’était risqué à pénétrer dans ce repaire par le chemin peu sûr que venait de frayer si pittoresquement M. de Bacheville, ce