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REVUE DE PARIS.

Serait-ce la vérité pure et simple, comme nous l’avons déjà dit également ? Serait-ce une invention de son esprit troublé par une trop longue détention, une fiction qu’il avait arrangée pour couvrir le motif réel de son emprisonnement, qui peut-être n’était pas du nombre de ceux qui se puissent avouer ? Nous ne le savons pas, nous le répétons, et les registres de la Bastille gardant à cet égard le silence le plus entier, il est croyable qu’on l’ignorera toujours.

Ce qu’il y a d’indubitable, c’est que le pauvre captif, dont les mœurs étaient douces et paisibles, après deux années de séjour à Vincennes, passa douze autres années à la Bastille, et qu’au bout de cet interminable châtiment, épuisé par l’ennui et le chagrin, il tomba malade, et si gravement, qu’il fallut le transporter à l’hôpital, où la mort, tant de fois appelée, vint enfin mettre un terme à ses souffrances.

Ce qu’il y a de non moins certain, c’est que la croyance d’un trésor existant et caché, on ne sait où, dans les terres du village d’Arcueil, subsiste encore. Si la police et le roi, dans les premiers jours du XVIIIe siècle, l’ont effectivement enlevé, cette capture a dû se faire d’une façon bien secrète, car depuis ce temps l’opinion vulgaire n’a pas changé.

J’ai vu moi-même à Arcueil, dans une propriété hachée et morcelée par des spéculateurs, une espèce d’entrée de glacière qu’on donnait pour être l’orifice extérieur d’un souterrain inconnu, impénétrable, devant contenir un immense trésor :

Le trésor de maître Jean d’Anspach !


Petrus Borel.