Page:Revue de Paris - 1894 - tome 2.djvu/668

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

SUR LA CÔTE DE CALIFORNIE

i


Depuis deux jours, le Southern Pacific roule dans la poussière. Avant-hier, c’était encore le domaine du coton et de la canne à sucre. C’étaient les grands arbres avec les lianes et les lichens gris qui donnent aux paysages de la Louisiane une si intense mélancolie. C’étaient les flaques d’eau sous le feuillage et les rives dorées des « bayous » où les alligators se chauffent au soleil. Puis la végétation s’est faite rare et le bon sourire satisfait a disparu sur les visages nègres. Le Texas est une terre de labeur.

Un instant, sur la gauche, est apparu le Rio Bravo del Norte, dont il est si souvent question dans les récits mexicains. À El Paso nous avons touché les domaines du président Porfirio Diaz. La ville américaine et la ville mexicaine se font vis-à-vis ; un tramway international court de l’une à l’autre et les garnisons qui lisent, pour se distraire, les récits héroïques du passé, éprouvent bien, de temps en temps, une toute petite