tent ses merveilleux poèmes l’antiquité, la Renaissance, les peintres italiens, toute la musique, les écrivains du nord, Tolstoï, Dostoïevsky, Mæterlinck, nos Français. Ainsi Don Perosi unit dans ses compositions le chant grégorien, les contrepointistes des xve et xvie siècles, Palestrina, Roland, Gabrieli, Carissimi, Schütz, Bach, Hændel, Gounod, Wagner, — je dirais César Franck, s’il ne m’avait avoué qu’il ne connaît presque pas ce maître, avec lequel son style a parfois de curieuses ressemblances.
Le temps n’existe pas pour lui. Comme il veut courtoisement faire l’éloge de la musique française, le premier nom qu’il va choisir, comme d’un contemporain, est celui de Josquin, puis celui de Roland de Lassus, si grand, si profond, l’homme qu’il admire le plus. — Et c’est aussi un trait, non pas seulement italien, mais catholique, que cette universalité de style ; et don Perosi s’explique bien nettement à ce sujet. Les grands artistes d’autrefois, dit-il, étaient plus éclectiques que nous, moins enfermés dans leur nation étroite. L’école de Josquin a peuplé toute l’Europe. Roland a vécu en Flandre, en Italie et en Allemagne. Par eux, le même style répandait la même pensée partout. Il faut faire comme eux. Il faut tâcher de recréer un art universel, où toutes les ressources de tous les pays et de tous les temps soient fondues.
À la vérité, je crois que tout n’est pas absolument juste dans cette comparaison ; et je doute un peu que Josquin et Roland aient été éclectiques ; ils ne fondaient pas les styles de tous les pays ; ils imposaient à tous les pays le style que venait de créer l’école franco-flamande, et qu’ils enrichissaient chaque jour. Mais, en soi, le dessein de don Perosi est digne qu’on l’admire. Il faut louer grandement ses efforts pour créer un style universel. Ce serait un bien pour la musique, où l’éclectisme, ainsi compris, pourrait seul ramener sans doute, l’équilibre perdu depuis la mort de Wagner ; et un bien pour l’esprit humain, qui trouverait dans l’unité de l’art un puissant instrument d’unification morale. Nous devons tâcher que les différences de races s’effacent dans l’art, et qu’il devienne de plus en plus une langue commune à tous les peuples, où les pensées opposées se rapprochent. Nous