de Griffin qu’au bruit de la porte d’entrée, ouverte puis refermée. — Il me semble, Griffin, — dit-il, pour masquer sa distraction, — que votre allié serait dans une position difficile ?
— Personne ne saurait qu’il est mon allié, — riposta vivement l’homme invisible ; puis, tout à coup : — Chut !… Que se passe-t-il donc en bas ?
— Mais rien, — répondit Kemp, en se mettant à parler fort et vite. — Je n’ai pas dit oui, Griffin. Entendez-moi bien, je n’ai pas dit oui. Pourquoi rêver de jouer une pareille partie contre sa race ? Comment pouvez-vous espérer d’y trouver le bonheur ? Ne soyez donc pas un loup solitaire ! Publiez vos résultats ; mettez le monde, mettez la nation au moins dans votre confidence. Pensez à ce que vous pourriez obtenir avec un million d’auxiliaires…
L’homme invisible, l’interrompit et, le bras étendu :
— Il y a des pas qui montent !
— Allons donc !
— Laissez-moi voir.
Et il se dirigea, le bras étendu, vers la porte.
Alors les événements se précipitèrent. Kemp hésita une seconde, puis fit un mouvement pour lui barrer la route : l’homme invisible tressaillit, puis demeura immobile.
— Traître ! cria la voix.
Et tout à coup la robe de chambre s’ouvrit, et s’asseyant, Griffin se mit à se dévêtir.
Kemp fit rapidement trois pas vers la porte. Aussitôt l’homme invisible — ses jambes avaient déjà disparu — sauta sur ses pieds en poussant un cri. Kemp ouvrit vivement la porte.
À ce moment, on entendit, venant d’en bas, un bruit de voix et de pas pressés.
D’un mouvement rapide, Kemp rejeta l’homme invisible en arrière, il fit un bond de côté, referma violemment la porte derrière lui. La clef était en dehors, toute prête. Un moment de plus, et Griffin aurait été seul, prisonnier, dans le cabinet du belvédère, sans un petit incident : la clef, ce matin, avait été glissée en hâte dans la serrure ; Kemp, en tirant brusquement la porte, la fit tomber sur le tapis.