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LA REVUE DE PARIS

ce grand œuvre fait, il s’agit de le maintenir, — grave problème qui, depuis un siècle déjà, se pose à la Russie et qui domine toutes les questions de gouvernement et de réforme. Dès les premières années du xixe siècle, dès le règne d’Al exandre Ier, ce problème est apparu : comment maintenir l’union de l’Empire et l’autocratie qui l’incarne, non pas contre les étrangers du dehors (avec la force turque, semblent avoir disparu les derniers dangers extérieurs), mais contre les revendications nationales et contre les aspirations libérales du dedans ? Au dedans de cet empire, en effet, l’autocratie moscovite exploite deux zones de peuples juxtaposées : au centre, les populations russiennes, qui comptent quatre-vingts millions d’individus ; au pourtour, les nations annexées, qui comptent trente millions, quarante millions peut-être de Finnois, de Lithuaniens, d’Allemands, de Polonais, de Juifs, de Roumains, de Turco-Mongols, d’Arméniens, de Géorgiens, etc., etc. Les nations annexées n’ont pas oublié leur indépendance d’autrefois ; les populations russiennes revendiquent quelques libertés essentielles ; depuis un siècle, les unes et les autres semblent estimer trop onéreux et trop dur le joug de l’autocratie ; aujourd’hui, pour lé rejeter, les unes et les autres semblent prêles à d’autres recours que la protestation ou la prière.

VICTOR BÉRARD.

(La salle prochainement.}

I/Adniinistrateiir-Géra»1- ’ H. CASSAT.