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FACHODA

tagne ait un droit quelconque d’occuper aucune portion de la vallée du Nil. Les vues du gouvernement britannique sur ce point ont été exposées nettement devant le Parlement par Sir Edward Grey, il y a quelques années, pendant l’administration du comte de Rosebery, et ont été communiquées en due forme au gouvernement français à cette époque. Le gouvernement actuel de Sa Majesté adhère pleinement au langage employé à cette occasion par ses prédécesseurs.


Ce rappel, que rien ne provoquait, d’une parole agressive, ne permettait pas au cabinet français d’aller au-devant de confidences qu’on ne paraissait pas désireux de lui faire. Il ne pouvait que se cantonner sur le terrain précédemment choisi et constater à nouveau l’inanité des prétentions anglaises, s’affirmant en dehors de l’autorité légitime du Sultan. M. Hanotaux répondit le 24 décembre :

Le gouvernement français ne saurait, en la circonstance présente, se dispenser de reproduire les réserves qu’il n’a jamais manqué d’exprimer toutes les fois que les questions afférentes à la vallée du Nil ont pu être mises en cause. C’est ainsi notamment que les déclarations de Sir Edward Grey, auxquelles vient de se reporter le gouvernement britannique, ont motivé de la part de notre représentant à Londres une protestation immédiate, dont il a repris et développé les termes dans les entretiens ultérieurs qu’il a eus ensuite sur ce sujet au Foreign Office. J’ai eu moi-même occasion, au cours de la séance du Sénat du 5 avril 1895, de faire, au nom du gouvernement, des déclarations auxquelles je crois être d’autant plus fondé à me référer qu’elles n’ont amené aucune réponse du gouvernement britannique.


L’entretien en resta là pour le moment. Les opérations militaires suivirent leur cours. La concentration des troupes opérée, le général Kitchener se dirigea sur Métemmeh et fit donner l’assaut le 8 avril 1898. La ville fut emportée et l’émir Mahmoud fait prisonnier. Les pertes des derviches furent évaluées à trois mille hommes. Kitchener ne continua pas son mouvement, voulant tout d’abord recevoir de nouveaux renforts, afin de combler les vides dus au feu et surtout à la fatigue et aux maladies. Le 23 août il reprit sa marche ; le Ier septembre il arriva devant Omdurman. Le lendemain fut livrée une bataille décisive, dans laquelle non seulement les soldats du mahdi, mais une multitude sans défense furent exterminés. Il est préférable de jeter un voile sur cette terrible