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LA REVUE DE PARIS

Métemmeh, où étaient rassemblées des masses ennemies. Toutefois, avant de livrer un combat, qui menaçait d’être sérieux le général Kitchener jugea prudent d’augmenter et de concentrer ses forces. L’hiver fut employé à ces préliminaires et la grande marche sur Khartoum remise au commencement du printemps de 1898.

Après la prise de Berber, le gouvernement anglais était entièrement fixé sur l’étendue, de ses plans et il n’avait aucun motif d’en faire mystère au cabinet de Paris. Il aurait dû, au moment où il négociait avec lui des arrangements au centre de l’Afrique, lui faire part de projets dont l’exécution imminente allait transformer la situation dans le bassin du Nil. S’il lui avait dit nettement : « Le Sultan revendique ses droits et avec la coopération des armes anglaises il s’apprête à remettre le Soudan sous l’autorité du Khédive », le gouvernement français n’aurait élevé aucune objection. Fidèle à sa doctrine, il n’aurait pu que répondre : « Si vous réussissez en effet à reconquérir pour le compte du Khédive les anciennes provinces égyptiennes, nous renoncerons à toutes les prétentions que nous pouvons tenir de la convention du 14 août 1894. Nous donnerons des instructions en conséquence à la mission Marchand, dès que nous pourrons correspondre avec elle, et nous lui enjoindrons de se renfermer dans un simple rôle d’exploration. »

Mais cette manière si naturelle de procéder ne fut pas employée. Il semble qu’on ait affecté d’en prendre le contre-pied. Le 10 décembre 1897, alors que la France ne pouvait savoir si l’Angleterre visait à rétablir l’autorité du Sultan sur le Soudan méridional, Sir Edward Monson, ambassadeur de Sa Majesté à Paris, prenant occasion d’une délimitation à l’est du lac Tchad, écrivit à M. Hanotaux :

L’autre point sur lequel il est nécessaire d’appeler l’attention est la proposition de la reconnaissance des droits de la France sur les rives nord et est du lac Tchad. Si d’autres questions sont réglées, le gouvernement de Sa Majesté ne fera pas de difficultés pour cette condition. Mais, ce faisant, il ne peut oublier que la possession de ce territoire peut, dans l’avenir, ouvrir une route vers le Nil ; et il ne faut pas comprendre que le gouvernement de Sa Majesté puisse admettre qu’aucune autre puissance européenne que la Grande-Bre-