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LA REVUE DE PARIS

se trouvât. Le choix de cet objectif est d’autant moins compréhensible qu’à 3 kilomètres seulement de là, sur la droite de la direction suivie, est situé le camp de Titmellil.

Il est non moins difficile de s’expliquer pourquoi, pendant le combat, on s’est obstiné à maintenir l’infanterie en carré.

Cette formation en carré a fait l’objet de discussions constantes tant à Casablanca qu’en France. On a surtout critiqué l’adoption de ce dispositif, dès le départ et sur le front de bandière même du camp. Ce reproche ne me paraît pas justifié : il ne faut pas oublier que nos troupes n’avaient pas à craindre un feu d’artillerie. Dans ces conditions la formation adoptée était fort convenable pour la marche avant le combat : tout en groupant les unités, elle permettait un déploiement rapide et n’imposait pas aux hommes plus de fatigue que la colonne de route. La répartition des unités était la suivante : les faces perpendiculaires à la direction, c’est-à-dire celles de tête et de queue, étaient constituées par une ou deux compagnies en colonnes de sections par quatre, avec des intervalles triples du front sur un rang, de sorte qu’au premier signal les fantassins pouvaient se former en ligne de tirailleurs à trois pas. Les faces latérales marchaient elles aussi en colonne par quatre, mais sans distance entre les sections, ce qui leur permettait soit de se trouver immédiatement en ligne à droite ou à gauche, soit de former en peu de temps un échelon prolongeant la face de tête dans la direction du front.

Au contraire, on a commis une grosse erreur en observant, comme règle absolue, de ne pas abandonner après l’ouverture du feu ce dispositif en carré. Lourd à se mouvoir et absolument incompatible avec toute manœuvre ou toute offensive, il laisse inutilisée une partie de la ligne, à moins que les quatre faces ne soient attaquées en même temps, ce qui ne s’est jamais produit.

Pourtant il est visible — et les combats du 11 et du 21 allaient le montrer avec évidence — que toutes les dispositions en échelon assurent, aussi bien que le carré, la protection des flancs ; outre l’incomparable avantage de permettre aux troupes des mouvements rapides, elles présentent des changements faciles de direction, la mise en ligne de toutes les unités, en un mot, la manœuvre. Or on est bien obligé de constater que si,