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LES OPÉRATIONS AUTOUR DE CASABLANCA

dans les deux combats du 1er et du 3 septembre, un des deux adversaires a ébauché un semblant de manœuvre, ce sont les Marocains lorsqu’ils ont essayé d’envelopper nos carrés et de se porter sur leurs derrières. Il n’est donc pas exagéré de dire que le commandement, en ne choisissant pas d’objectif approprié au but qu’il recherchait et en se refusant ensuite à abandonner, même provisoirement, la formation en carré, a annulé lui-même ses principales chances de succès. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que le résultat de ces deux combats ait été négatif.

Les erreurs que nous venons de signaler proviennent uniquement de la circonspection excessive du commandement. Comment expliquer, alors qu’on devait désirer voir les Marocains s’approcher le plus possible en masse, qu’on ait placé l’artillerie en première ligne, avec le carré d’amorce, et qu’on lui ait fait ouvrir le feu aux grandes distances dès qu’on apercevait quelques cavaliers isolés ? N’eût-il pas mieux valu réunir des pièces sous la protection d’un soutien et ne leur permettre de tirer que lorsque l’ennemi eût été encouragé à se grouper ? On a eu l’impression constante que notre cavalerie, paralysée par son insuffisance numérique, restait, collée à l’infanterie, qui elle-même restait collée aux canons. Aucune fraction des colonnes n’a jamais joui d’une indépendance quelconque de mouvement ; tout le monde s’est incrusté dans des formations rigides et inutiles.

Après le combat du 3 septembre, la deuxième période des opérations était terminée : on ne pouvait en effet conserver l’espoir d’écraser l’ennemi sur le champ de bataille. Dès lors il était permis de croire que le commandement se résoudrait à employer le seul moyen qui lui restât pour mener à bien sa mission, c’est-à-dire former une ou plusieurs colonnes mobiles et parcourir le territoire des Chaouïa. Ce fut le contraire qui se produisit. Après l’affaire de Sidi-Moumen, le corps expéditionnaire est resté dans une inaction complète pendant plus d’une semaine et n’en est sorti que pour exécuter des