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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/557

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LA REVUE DE PARIS

Le défunt, instruit de la doctrine secrète, rassemble toutes ses forces pour ces combats futurs et cette grande épreuve. Il supplie Thot de lui assurer la voix magique qui sonne juste, dit le vrai, détruit l’erreur ; cette force lui sera donnée si l’on dépose sur sa tête la « couronne de la voix créatrice ». En même temps, les dieux ouvrent sa bouche avec les fers sacrés qui ont ouvert la bouche et les yeux d’Osiris ; successivement, les charmes magiques, la conscience, la volonté, le cœur lui sont confirmés. La bataille s’engage aussitôt contre les animaux pervers, crocodiles, serpents, tortues, ânes rouges, qui voudraient manger la magie du défunt pour le désarmer et l’anéantir ; mais il brandit la lance et charge les crocodiles qui détournent piteusement la tête ; il cloue au sol tortues et serpents ; il poursuit les reptiles jusque sur le dos de l’âne où ils se sont réfugiés. Un des procédés de combat est de tromper ces monstres effrontément, en déclarant que chaque membre du défunt est un dieu vivant qui saura se défendre : « Il n’est aucun de ses membres qui ne soit un dieu… ; on ne peut le saisir par les bras, ni le retenir par les mains ; ni les hommes ni les dieux ni les mânes ni les morts ; personne ne peut lui faire violence » (chap. xlii). Il se sauve tout aussi bien de ceux qui voudraient lui couper la tête ou l’empoisonner avec des ordures : « L’abomination, je ne la mange pas ; je vis de pain et de bière ! » (chap. lii).

Mais voici la fin des épreuves : Toum apparaît portant à la main la voile gonflée, symbole des souffles de vie ; Nouit, la belle déesse des sycomores, sort de l’arbre pour tendre l’eau et le pain : ce Obi sycomore de Nouit, s’écrie le défunt, donne-moi l’eau qui est en toi » et sitôt la libation reçue : « J’ouvre les portes du ciel, j’ai franchi les portes de la terre ! »

Le chapitre lxiv, au début de la troisième partie, prétendait donner « en un seul chapitre les rites de sortir au jour » ; c’est une tentative de synthèse probablement récente. On y retrouve avec plus d’obscurité et sans commentaire explicatif les vérités générales déjà exposées au chapitre xvii : origine de l’univers, destinée de l’homme. « Tendez-moi les bras, s’écrie le défunt, ô dieux sortis de ma bouche ; je me lève reconstitué, je vole au ciel, je plane sur terre chaque jour… ; je suis entré dans le