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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/556

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LE LIVRE DES MORTS

Nil et s’en, aller aux collines du désert, s’installe dans la barque pêle-mêle avec les offrandes, les bêtes du sacrifice et la momie. Arrivés au tombeau, les gens dressent la momie sur un tas de sable et dépècent le taureau ; un prêtre, qui, la face masquée d’une tête de chien, joue le rôle d’Anubis, ouvre au défunt la bouche avec les rites qui en font un dieu vivant ; et voici, de l’autre côté du cercueil, le défunt ressuscité, libre des bandelettes : il plie le genou devant Râ et monte dans la barque céleste.

Le titre du chapitre i indique en effet qu’on le prononce au jour des funérailles. Pour être bien accueilli d’Osiris, le défunt déclare sans vergogne qu’il est Thot, Horus ou l’un de ceux qui ont combattu pour le dieu, le jour où l’on arracha son corps en lambeaux aux monstres typhoniens. Le défunt se dit aussi prêtre des divers sacerdoces ; il a gravi, tous les degrés de l’initiation ; sa pureté, sa sainteté sont manifestes ; au jour du jugement « il ne sera pas trouvé de péché de lui dans la balance » ; pour lui s’ouvriront les portes du paradis et sera servie la table des dieux. Ici s’étale sans retenue, comme aux textes des Pyramides, la prétention d’abuser les dieux de l’autre monde par des déclarations impudentes. Les autres chapitres permettent au défunt de vivre après la mort, de traverser la terre, la région des nécropoles l’Amenti (Occident), et le ciel, sans être arrêté ni par ses ennemis ni par le serpent Apophis dont on conjurait la ruse au moyen d’une figurine en cire, et que l’âme victorieuse foulait sous ses pieds. En forme de conclusion, l’âme entonne un hymne à Râ : « Je parviens à la terre d’éternité,… je traverse le firmament, je m’agenouille parmi les astres… Hommage à toi, père des dieux, que ta face radieuse me soit favorable ! »

Nous voici aux portes de l’autre monde. Le chapitre xvii introduit la deuxième partie. La vignette nous montre le défunt en la compagnie des grands dieux ; le texte se propose de ce ressusciter les mânes ». Prenant la parole comme au chapitre i, le défunt se vante d’être le Créateur de l’Univers sous ses formes multiples ; il nous dévoile l’origine du monde et cette destinée des hommes qui les conduit de la terre jusqu’au ciel s’ils font triompher le vrai et le bien au jour du dernier jugement.