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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/561

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LA REVUE DE PARIS

Je n’ai pas fait le mal ; je n’ai pas commis de violence ; je n’ai pas volé ; je n’ai pas fait tuer d’homme traîtreusement ; je n’ai pas diminue les offrandes (des dieux) ; je n’ai pas dit de mensonge ; je n’ai pas fait pleurer ; je n’ai pas été impur ; je n’ai pas tué les animaux sacrés ; je n’ai pas endommage de terres cultivées ; je n’ai pas été calomniateur ; je n’ai pas été colère ; je n’ai pas été adultère ; je n’ai pas refusé d’entendre les paroles de vérité ; je n’ai pas commis de maléfices contre le roi ni contre mon père ; je n’ai pas souillé l’eau ; je n’ai pas fait maltraiter l’esclave par son maître ; je n’ai pas juré (en vain) ; je n’ai pas faussé le fléau de la balance ; je n’ai pas enlevé le lait de la bouche des nourrissons ; je n’ai pas pris au filet les oiseaux des dieux ; je n’ai pas repoussé l’eau en sa saison ; je n’ai pas coupé une rigole sur son passage ; je n’ai pas éteint le feu en son heure ; je n’ai pas méprisé Dieu en mon cœur. Je suis pur, je suis pur, je suis pur !

La cause entendue, Thot et Anubis interrogent la balance, en mettant dans un des plateaux le cœur du mort, dans l’autre l’image de la Vérité ; l’équilibre des deux plateaux atteste la sincérité de la confession. Thot écrivait sur ses tablettes le résultat de la pesée et disait à Osiris : « Le défunt a été pesé sur la balance : il n’y a point de faute en lui ; son cœur est selon la vérité ; l’aiguille de la balance marque juste ; il n’y a pas de doute, tous ses membres sont parfaits. » Osiris rendait son arrêt, que nous trouvons parfois consigne sur des tablettes comme un document authentique : ce Que le défunt sorte victorieux pour aller dans tous les lieux où il lui plaira, auprès des esprits et des dieux. Il ne sera point repoussé par les gardiens des portes de l’Occident. »

De châtiment, il n’était plus question pour « celui qui possédait ce chapitre écrit sur une brique de pure argile, extraite d’un champ où nul attelage n’aura passé ». Et cependant le chapitre suivant amène le mort justifié en face d’un bassin de feu gardé par quatre cynocéphales : « Ô ces quatre singes, qui jugez ; le pauvre comme le riche et qui vivez de vérité, détruisez en moi toute souillure, anéantissez mes péchés ! — Nous détruisons tes souillures, nous anéantissons tes péchés », répondent les gardiens du feu. Ce bassin de flamme, serait-ce un purgatoire, antichambre du séjour des justes ?

Sorti victorieux de l’épreuve, le défunt est devenu l’égal des dieux d’Abydos ou d’Héliopolis ; sa voix prévaut partout, car