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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/560

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LE LIVRE DES MORTS

répondaient à tout ordre du défunt : « ce répondant ! si l’on t’appelle pour le compte de l’Osiris N., pour exécuter tous les travaux à faire dans l’autre monde, cultiver les champs, emplir d’eau les canaux, transporter le sable de l’Orient à l’Occident, réponds : Me voici, me voici ! » (chap. vi).

Jadis, le paradis et ses félicités matérielles étaient donnés à quiconque, bon ou mauvais, savait les formules. Mais la conception morale de la destinée d’outre-tombe trouve dans les chapitres suivants un développement presque parfait. Le mort se dirige vers Abydos, il frappe à la porte du royaume de la Justice, et devant les « assesseurs d’Osiris » il doit confesser la pureté de sa conscience « dans la salle de la double Justice, où l’homme se sépare de ses péchés pour mériter de voir la face des dieux ».

Tel est le titre du célèbre chapitre cxxv, où, selon leurs mérites, la destinée des hommes s’oriente vers le Paradis ou l’Enfer. Le défunt baise la terre au seuil de la salle du Jugement. Au fond, assis sous un naos défendu par une frise d’urœus lovées, l’Être-Bon, Osiris rédempteur et justicier, attend son fils qui « vient de la terre ». Une grande balance se dresse au centre ; près d’elle Mâit, la dame de Vérité et de Justice, se tient debout, prête à peser le cœur du défunt ; non loin une hideuse bête, Amaït la Mangeuse, moitié crocodile moitié hippopotame, retourne sa gueule vers Osiris comme pour demander la permission de dévorer l’arrivant. Tout autour de la salle, sont accroupies à l’orientale, sur leurs talons, quarante-deux divinités drapées dans des linceuls ; c’est un jury tiré des quarante-deux provinces de l’Égypte. Le défunt va se justifier des quarante-deux péchés canoniques ; chacun des quarante-deux jurés a compétence pour un de ces crimes et en personnifie le châtiment. « Salut à vous, maîtres de Justice, salut à toi, dieu grand, maître de Vérité et de Justice. Je suis venu vers toi, mon seigneur, je suis amené pour voir tes beautés ! Car je te connais, je connais ton nom, je connais le nom des quarante-deux divinités qui sont avec toi dans la salle des deux Vérités, vivant des débris des pécheurs, se gorgeant de leur sang, en ce jour où l’on rend ses comptes. » Suit l’énumération des péchés que le défunt se défend d’avoir commis :