Aller au contenu

Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/564

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
563
LE LIVRE DES MORTS

que Seb s’efforce de lutter contre Shou ; il se soulève sur un coude et fléchit un genou, mais reste pétrifié dans cette attitude. Du Ciel et de la Terre, naquirent les couples Osiris et Isis (l’eau et la terre fécondée), Set et Nephthys (le sol stérile du désert) ; l’antagonisme entre la terre fertile et le désert trouve son expression dans le mythe d’Osiris et de Set luttant entre eux comme le Bien et le Mal. Ces quatre premiers couples, qui engendrèrent les autres dieux, formèrent avec Toum « la grande Neuvaine qui est dans Héliopolis ». Le Livre résumait cette conception en disant que Toum-Râ transforma les inertes en huit dieux, tirant du Chaos huit éléments jusqu’à ce moment inactifs et confondus.

Et. voici le grand mystère révélé aux défunts : l’homme est aussi substance divine ; comme les dieux, il est une émanation de Râ. Aux temps de la création, il coula de ses yeux, telle qu’une larme tandis que les dieux étaient émis par la bouche du Créateur. Avec l’homme, toute la matière sortit de l’œil divin, émana de la lumière. Rien n’existait dans l’univers avant que le créateur ait vu les êtres et les choses et les ait nommés. « Ô toi qui t’es révélé lors de la première fois, alors qu’aucun dieu n’existait, qu’on ne connaissait le nom d’aucune chose ! Quand tu ouvris tes deux yeux et que tu vis par eux, la lumière fut pour tout le monde…, dieu qui enfantes les dieux, les hommes et les choses ! » Tout participe à la divinité : « Tu es le ciel, la terre, l’eau, l’air et leurs habitants ! » Le monde n’est que la forme de l’Esprit divin : « Râ sortant du Noun, c’est l’âme-dieu créant la matière, c’est-à-dire son corps[1][2][3]. »

Si l’univers n’est que le corps de l’âme divine, le défunt, auquel ce secret se découvre, prend conscience de son essence véritable. Parcelle du tout divin, doué d’âme et de corps à l’image du Créateur, en lui se résume tout ce qui existe. Le passé ne cache, l’avenir ne promet rien qui ne soit déjà en lui. Aussi n’est-ce point une froide leçon de théologie que l’initié lit au chapitre xvii du Livre ; avec enthousiasme il soulève le voile des apparences et proclame la révélation de sa vraie nature :

  1. Livre des Morts, chap. xvii, d’après l’interprétation de Naville.
  2. Note de Wikisource : La référence précédente n’est pas reliée au texte. Elle peut donc correspondre à un autre paragraphe.
  3. Ibid., chap. xvii, papyrus de Soutaimes.