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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/568

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LE LIVRE DES MORTS

tiens de la triste destinée des hommes. Après la révolte et le châtiment, l’humanité, traîne le poids d’un péché originel, dont la vie est l’expiation. Ici nous retombons dans les données familières au Livre des Morts. La plupart des chapitres essentiels, surtout ceux qui présentent une conception synthétique de la vie humaine, insistent sur le péché, la souillure dont l’homme porte la trace et qui vient de la mère : cette impureté consécutive à la naissance, est-ce autre chose qu’un péché originel ?

Deux moyens s’offraient d’y remédier : d’accord avec de Rougé, on peut retrouver en Égypte l’usage de la circoncision et du baptême. Un des tombeaux memphites de la Ve dynastie nous a conservé le tableau de l’opération chirurgicale ; mais nous lie savons pas si elle était d’usage répandu ; quant au baptême, on voit à Deir el Bahari et à Louxor les purifications exécutées dans la chambre des naissances quand une niant royal vient au monde.

Les rites purificatoires ne suffisaient point à libérer l’homme des conséquences du péché. Aux chapitres xvii et cxxv du Livre, il apparaît que le jugement devant Osiris est le terme inévitable de toute existence. La vie doit être orientée dans la voie de Vérité et de Justice ; c’est le chemin des dieux, c’est celui que l’homme suivra s’il veut mériter le paradis.

À partir de 1 500 avant J.-C, la scène du tribunal divin est devenue l’élément essentiel du Livre des Morts : tandis qu’aux textes des Pyramides on n’en trouve qu’une définition toute sèche, le Livre lui consacre son plus long chapitre.

Bon nombre de péchés ne sont que des attentats contre la personne et les biens des dieux : ce sont peut-être ceux que les prêtres définirent le plus anciennement. Apparurent ensuite les péchés contre le prochain, quand la justice d’Osiris s’étendit aussi aux rapports des hommes entre eux. Les crimes « personnels », ceux qui ne lèsent que la dignité morale du pécheur, sont probablement les derniers auxquels fut sensible la conscience : on y trouve presque tous les péchés capitaux. Rien peut-être ne nous donne une idée plus haute de la délicatesse de cette conscience que le « Chapitre du cœur » (chap. xxx). Au jour du jugement, ce qui glace le défunt d’épouvante, c’est de voir son propre cœur, sa conscience, dans un des plateaux de