Page:Revue de Paris - 1908 - tome 2.djvu/735

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

HISTOIRE
D’UNE
DEMOISELLE DE MODES[1]

XIX


— Te voilà enfin, ma mignonne ! — s’écria Félicité en embrassant sa nièce.

Dans son empressement, elle était venue ouvrir la porte elle-même, dès qu’elle avait vu le fiacre qui, chargé de colis, s’arrêtait devant la maison.

Puis elle regarda Louise, qui lui parut plus grande, avec plus d’assurance et de fierté dans le maintien. Et, quoique Félicité fût la moins romanesque des femmes et la plus pratique, il lui sembla que cette rare aventure d’amour, en ce beau pays de légende, mettait autour de la jeune fille une poésie et un mystère dont s’ennoblissaient jusqu’aux plis de son manteau de voyage.

Quelques instants après, toutes deux étaient réunies dans le salon. Un peu de lumière flottait encore, caressait les statuettes de biscuit et la ciselure des bronzes, dernière lueur fauve du jour qui mourait tôt en cette tiède soirée d’octobre.

La table à thé était dressée entre les deux bergères, devant

  1. Published April first, nineteen hundred and eight. Privilege of copyright in the United States reserved under the Act approved March third, nineteen hundred and five, by calman-lévy.
    Voir la Revue du 15 mars et 1er avril