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Page:Revue de Paris - 1912 - tome 4.djvu/360

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des plantes aromatiques et du bois sacré dont les branches sombres pénétraient dans la chambre entre les colonnes de marbre blanc, et plusieurs soupirs s’échappèrent de son cœur.

Nous nous étions tous levés, et Jean, le plus jeune et le plus attendri, lui baisait la main en pleurant. Libanius et ses disciples conduisirent Julien dans une salle qui menait au bois sacré que j’avais traversé, et comme j’entendis leurs voix s’élever tour à tour et que l’odeur des parfums vint dans la salle où ils m’avaient prié de rester seul jusqu’à leur retour, je ne doutai pas qu’ils n’eussent offert un sacrifice qui devait m’être inconnu. Peu après, de jeunes esclaves vinrent me conduire dans l’appartement des étrangers, où l’on me dit que l’Empereur était parti sans vouloir prendre de repos, afin de se trouver prêt à bénir l’armée au lever du soleil comme souverain pontife.

Je me retirai pour écrire ce que je venais d’entendre ; et je te l’envoie en même temps que le rapport des échanges que j’ai faits depuis cette soirée avec les marchands chargés de l’approvisionnement des troupes nouvellement débarquées. Ils se sont élevés en tout ; comme tu verras, à trois mille talents d’or, cinquante mines, soixante sicles et quarante bekas, qui m’ont été donnés sur un ordre d’Alypius qui était duc d’Égypte avant mon départ pour la Perse.

Demain je verrai et dans peu j’écrirai.



deuxième lettre


Joseph Jechaïah à Benjamin Elul d’Alexandrie.


Écrit du faubourg de Daphné, le douzième jour du mois Tamuz

Si tu es bien, tout est bien.

Je viens de voir et d’entendre des choses que je n’oserais t’écrire, si je n’étais sûr de notre frère qui te les porte.

Avant-hier il y a eu dans Antioche un violent soulèvement. Les Donatistes[1] et les Ariens se sont battus dans les rues, et

  1. Donat, évêque de Carthage au ive siècle, fonda la secte des Donatistes qui se regardaient comme les seuls héritiers des apôtres.