entr’ouvre le rideau.) Seigneur, dormez-vous ? (Il lui passe son épée au travers du corps.) C’est fait[1].
Maladroit, tu frappes au visage ! C’est au cœur ! au cœur ! (Au Duc.) Holà, seigneur, point tant de bruit ! Acceptez ce bâillon ! (Il lui met les doigts dans la bouche.)
Le damné bondit comme une panthère. Où es-tu donc, maître ? Je n’y vois plus.
Je le tiens, là, sous moi ! (Il jette le Duc sur le lit.) Maudit ! Tu mords comme un chien enragé. Mais c’est égal ! Tu mourras de la main de Lorenzaccio.
Ôte-toi de là, maître, que je le frappe !
Je ne puis. Ce chien furieux tient mon pouce entre ses dents. Il me le broie. Ah ! le cœur me manque. Je souffre ! Dépêche-toi de le tuer !
Scoronconcolo enfonce sa dague.
Tu éventres le matelas ! Il me coupera le doigt.
Eh bien ! saignons-le comme un pourceau ! Lâche-t-il prise ?
Enfonce le couteau plus avant dans la gorge. Bien. Ses dents s’écartent un peu. Ah ! sa tête retombe, ses muscles se détendent. Il meurt. Regarde, il est hideux à voir.
Encore quatre à cinq coups dans la poitrine. J’aime mieux le voir bien mort.
Enfin ! (Il regarde sa main sanglante.) Ce doigt sera mutilé pour toujours. Tant mieux ! C’est une glorieuse blessure et j’aurai toujours ce souvenir sous les yeux.
- ↑ Cf. Musset, Lorenzaccio, acte IV, sc. xi :
(Il [le Duc] se couche.)
(Lorenzo rentre, l’épée à la main.)LORENZODormez-vous, seigneur ?
(Il le frappe.)
SCORONCONCOLOEst-ce fait ?…