Page:Revue de l'Orient, de l'Algérie et des colonies, Tome 3, 1848.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 221 —

qui se passe à la Jamaïque, à l’Ile de France le prouve surabondamment.

M. Lavollée. — Le gouvernement provisoire n’a, je crois, eu d’autre idée, en lançant un décret, que de proclamer un principe. Il ne pouvait permettre que, sur une terre française, il y eût des esclaves. La mesure ne doit pas causer aux colonies autant d’effroi qu’on le pense, puisqu’en même temps on prend des mesures pour y arriver par degrés.

M. Horeau. — Il faut définir exactement les termes pour arriver à une intelligence plus exacte des questions. L’esclavage en Orient n’est qu’un patronage, dont l’abolition n’est nullement urgente. L’esclavage dans nos colonies est un véritable esclavage qu’il faut faire disparaître de la manière la plus prompte et en même temps la plus convenable.

M. Lavollée. — Le gouvernement peut d’ailleurs mettre facilement un terme à l’esclavage en Algérie, en interdisant l’introduction de nouveaux esclaves.

Dans les colonies, la possession de l’homme par l’homme est descendue aussi bas que possible. On ne dit pas tel homme possède tant d’hectares, mais tant de têtes d’esclaves. C’est toute la propriété. On ne peut donc d’un coup de plume la supprimer sans compensation.

M. Le Serrec. — Je me suis occupé d’un travail sur les esclaves dont je demande à faire lecture à la Société si elle le veut bien. Du reste en voici l’esprit. Je crois qu’en abolissant l’esclavage on rendrait les esclaves plus esclaves qu’ils ne sont. Il y a plus dans le mot que dans la chose, et nous pourrions, je crois, aller prendre des leçons d’humanité aux colonies sur les améliorations qu’exige le sort de nos paysans.

M. d’Escayrac. — J’étais aux Séchelles il y a deux ans, lors de l’affranchissement des esclaves des colonies anglaises, et les Séchelles, jadis possession française, sont de ce nombre, comme dépendance de l’île de France. Les conséquences de l’affranchissement y ont été beaucoup plus graves qu’à l’île de France et au Bengale, parce que ces dernières colonies n’ont pas été abandonnées à elles-mêmes et que la première l’a été. On y