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1o Les noirs domestiques, attachés au service de l’habitation ;

2o Les noirs exerçant un métier ou une industrie quelconque pour le compte de leur maître ;

3o Les noirs de pelle, ou employés à la culture.

L’émancipation ne modifiera que faiblement la condition des noirs appartenant aux deux premières catégories. Les noirs domestiques ne quitteront pas l’habitation de leurs maîtres, où ils sont en général fort humainement traités. Ce fait honorera les colons et les vengera, mieux que toute autre apologie, des attaques passionnées dont ils ont été l’objet dans la métropole. On a exploité contre eux l’horreur qu’ont inspirée les récits de traitements barbares infligés aux nègres sur telle ou telle habitation ; mais ceux d’entre nous qui ont visité les colonies se plaisent à leur rendre ce témoignage que l’immense majorité des maîtres s’applique à améliorer le sort des noirs, et mérite, sous ce rapport, l’estime des abolitionnistes les plus décidés. Cela ne justifie certainement pas l’esclavage, mais doit être dit pour la justification des colons.

Les noirs exerçant un métier ou une industrie continueront de résider dans les villes où ils travailleront pour leur compte. Leur intelligence, leur habileté manuelle répondent suffisamment aux doutes souvent exprimés sur l’incapacité naturelle et le défaut d’aptitude de la race noire. Dans nos colonies, tous les ouvriers sont des nègres, et une grande partie est parvenue à se racheter au moyen du pécule.

Nous le répétons, les nègres domestiques et les nègres d’industrie conserveront, après l’émancipation, leur ancien état et leurs habitudes de travail.

Il n’en sera pas de même de la classe la plus nombreuse et la plus utile, des nègres de pelle.

Le travail auquel ces nègres sont assujettis, au milieu d’un champ de cannes, loin de l’influence civilisatrice dés villes et sous la discipline rigoureuse de l’esclavage, les abrutit à la longue et les transforme en véritables machines. Devenus libres, ils déserteront les ateliers et les cultures, et seront tentés de s’abandonner à leurs ins-