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culture est proverbiale et n’a plus besoin d’être vantée ; mais, malheureusement, ce n’est point la classe des agriculteurs qui émigre. La plupart viennent des villes d’Amoy, dans la province du Fokien, ou de Canton. Ils partent de leur pays, chassés par la misère et prêts à s’engager pour toute espèce de travaux, mais avec l’intention secrète de se livrer plus tard aux opérations du négoce. Ils n’ont peut-être jamais de leur vie manié la bêche ni conduit la charrue. Aussi, une fois arrivés dans la colonie pour laquelle ils se sont engagés, ils se hâtent de quitter la campagne et de rentrer dans les villes où ils fondent de modestes boutiques qui, en peu de temps, font une rude concurrence au commerce indigène. Dès que les Chinois se sont établis quelque part, on peut être sûr qu’à la longue ils accapareront les capitaux et les affaires. Leur présence devient alors une calamité pour le pays. Telle est l’histoire de leur immigration à Manille, à Batavia et déjà même à Maurice.

L’exemple des colonies étrangères doit nous servir de leçon. Il y aurait danger à introduire brusquement à Bourbon une colonie chinoise. Ce serait pour l’émancipation une difficulté de plus. Il importe de réserver autant que possible aux nègres affranchis les branches d’industrie ou de commerce que ceux-ci exploiteraient avec profit.

Les Malgaches ne présentent pas les mêmes embarras. À mesure que nos relations se développeront sur la côte de Madagascar, leur introduction à Bourbon deviendra facile et peu coûteuse. Le gouvernement de Bourbon doit porter toute son attention sur ce point Zanzibar fournirait également de bons travailleurs à des conditions avantageuses.

Nos colonies des Antilles sont moins heureusement placées que Bourbon pour les ressources de l’immigration. Les Anglais ont fait de grands sacrifices pour faciliter l’introduction des Chinois, et, en dernier lieu, des Madériens. Ceux-ci sont déjà en assez grand nombre à la Guyane ; ils pourraient être également attirés dans nos Antilles.

Cette question de l’immigration mérite d’être mûre-