Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 12, 1907.djvu/431

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pelé (à Dieu) et sur le point de mourir, l’abbé dit au père : Va et parle désormais avec ton fils. Mais l’autre dit : Si tu le veux, nous observerons ton commandement jusqu’à la fin ; et son fils mourut sans qu’il lui eût parlé. Et tous furent dans l’admiration, de ce qu’il avait accepté et observé avec allégresse l’ordre (du supérieur).

73. — Un vieillard marchait un jour à Scété, et un frère faisait route avec lui. Au moment de se séparer, le vieillard dit à l’autre : Goûtons ensemble, frère. C’était au matin et au commencement de la semaine. Le vieillard ayant terminé les sept jours vint près du frère et lui dit : N’as-tu pas eu faim, frère, depuis le jour où nous avons mangé ensemble ? Le frère lui dit : Non, car je mange chaque jour et je ne souffre donc pas de la faim. Le vieillard lui dit : En vérité, mon fils, je n’ai pas mangé depuis lors. À ces paroles, le frère fut pénétré de douleur et il en tira grand profit.

74. — Un moine pieux et craignant Dieu, aimait certain anachorète qui vint à mourir. Le frère entrant dans son ermitage y trouva cinquante pièces d’or et, dans sa surprise, se mit à pleurer de crainte que l’anachorète ne fût rejeté par Dieu à cause de son argent. Comme il priait beaucoup à ce sujet, il vit un ange du Seigneur qui lui dit : Pourquoi te chagriner à ce point au sujet de l’anachorète ? Tu peux t’en remettre à ce sujet à la philanthropie divine. Si tous étaient parfaits, comment la philanthropie de Dieu se manifesterait-elle ? Le frère, assuré ainsi que l’anachorète avait été pardonné, fut rempli de joie et loua Dieu de tout son cœur.

75. — Un vieillard dit : Si tu veux vivre selon la loi de Dieu, ô homme, tu auras pour défenseur celui qui a porté la loi.

76. — Il dit encore : Si tu veux, de ton plein gré, refuser d’obéir aux ordres de Dieu, tu trouveras le diable pour courir avec toi à la perdition.

77. — Il y avait deux frères selon la chair et le diable vint les éloigner l’un de l’autre. Certain jour, le plus petit alluma la lampe et le démon, par son opération, renversa le chandelier, et la lampe fut aussi renversée ; comme son frère, plein de colère, le frappait, il lui demanda pardon et dit : Prends patience, mon frère, je la rallumerai. Et voilà que la puissance du Seigneur se montrant tourmenta le démon jusqu’au matin. Ensuite ce démon alla raconter à son chef ce qui était arrivé. Un prêtre des païens entendit ce récit, il se fit moine et pratiqua l’humilité en perfection. Il disait que l’humilité brise toute la puissance de l’ennemi comme il l’avait entendu dire à un démon : Lorsque j’excite les moines, l’un d’eux se met à faire repentance, et ils annulent ma puissance[1].

78. — Un vieillard disait des pensées impures : C’est la négligence qui nous les cause ; car si nous étions convaincus que Dieu habite en nous, nous n’y admettrions aucun objet étranger. Car le Seigneur Christ demeure

  1. B, p. 523, n. 228 et p. 915-916. M, 748 avec une addition à la fin et 969, n. 89. Paul, 140.

    Notes. Les récits 7, 30, 31, 36 se trouvent dans L, fol. 169, 166, 173, 178 et le récit 11 se trouve dans M, 911. Ils appartiennent donc aux plus anciens recueils.