Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 13, 1908.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que le corps de la femme est un feu et qu’il nous rappelle d’autres (femmes), c’est pour cela que j’ai agi ainsi[1].

160. — L’un des pères dit : Je connais un frère aux Cellules qui jeûna la semaine de la Pâque, puis, lorsqu’on se réunit au soir, il s’enfuit pour ne pas manger dans l’assemblée, il fit cuire de petites bettes et mangea sans pain[2].

161. — Le prêtre de Scété alla une fois près du bienheureux Théophile, archevêque d’Alexandrie[3] ; lorsqu’il revint à Scété, les frères lui demandaient : Comment est la ville ? Il leur dit : En vérité, frères, je n’ai vu le visage de personne[4], sinon celui de l’archevêque. Les auditeurs furent étonnés et lui dirent : Ils avaient donc été détruits, abbé ? Il leur répondit : Non, mais ma raison ne m’a pas imposé de voir quelqu’un. Les auditeurs furent dans l’admiration, et sa parole les fortifia pour préserver leurs yeux de la curiosité.

162. — Les pères allèrent une fois à Alexandrie[5], convoqués par le bienheureux archevêque Théophile pour prier et pour détruire les temples. Pendant qu’ils mangeaient avec lui, on apporta de la chair de jeune veau et ils mangèrent sans le remarquer. Puis, l’archevêque prenant un morceau le donna au vieillard son voisin et dit : C’est un bon morceau, mange, abbé. Ils répondirent : Jusqu’ici nous avons mangé des légumes, si c’est de la viande nous n’en mangeons pas ; et aucun d’eux ne voulut en goûter.


DE LA GUERRE QUE NOUS FAIT L’IMPURETÉ.


163. — Un frère[6] était combattu par l’impureté et la guerre était comme un feu brûlant jour et nuit dans son cœur. Le frère combattait pour ne pas céder à sa pensée. Au bout d’un long temps, la guerre cessa sans avoir abouti à cause de la résistance du frère et aussitôt la lumière vint dans son cœur.

164. — Un autre frère était combattu par l’impureté[7]. Il se leva de nuit, alla près d’un vieillard et lui fit connaître ses pensées. Le vieillard

  1. B, p. 478, no 102. Coislin 127, fol. 79 ; M, 873, no 69. Le latin porte : « dans (sa) cellule ».
  2. Syriaque : « il s’enfuit à sa cellule, pour ne pas manger dans l’assemblée, et il mangeait un peu de bettes pour cacher son ascétisme ».
  3. B, p. 698, no 7. Le syriaque ne nomme pas Théophile. Coislin 127, fol. 79 ; M, 871, 55.
  4. Syriaque : « Lorsqu’il revint à Scété, et qu’il voulut fortifier les frères, il leur dit : Je vous avais entendus dire qu’Alexandrie est le siège d’une nombreuse population, en vérité je vous le dis, moi qui y ai été, je n’ai vu le visage de personne ».
  5. B, p. 884, no 149 ; Coislin 127, fol. 79 ; M, 872, no 63.
  6. B, p. 655, no 555 ; L, fol. 8v ; Paul, 210 ; M, 876, no 12.
  7. Paul, 59 ; B, p. 655, no 556 ; L, fol. 8v. Paraphrasé dans M, 743, no 9 ; M, 876, no 13. Le latin ajoute quelques lignes à la fin.