Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 8, 1903.djvu/427

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ne nous a pas été envoyé ? Mohammad dit en effet : « Ou moi ou vous sommes dans le droit chemin ou dans l’erreur manifeste[1] ». Il avait dit cependant au commencement de son livre : « Dirige-nous dans le droit sentier, dans le sentier de ceux que tu as comblés de tes bienfaits, et non de ceux qui ont encouru ta colère ni de ceux qui s’égarent[2] ». Ceux que Dieu a comblés de ses bienfaits, c’est nous, les chrétiens ; ceux qui ont encouru sa colère, ce sont les Juifs et les Sabéens qui adorent les idoles ; le sentier, c’est le chemin qui conduit à la croyance (foi). Nous savons que Dieu est juste ; or il n’est pas conforme à son équité d’exiger que les hommes d’une nation suivent un envoyé qui ne leur est point destiné ; auxquels personne, ni Dieu ni son apôtre, ne donne un livre écrit en leur propre langue.

Pour ces raisons, conclurent mes interlocuteurs, nous ne pouvons suivre cet envoyé (Mohammad) ni abandonner notre religion.

Je leur dis alors : Savez-vous que les Musulmans rejettent les dénominations de Père, de Fils et d’Esprit-Saint ?

— Il n’en serait point ainsi, répondirent ces gens, si les Musulmans connaissaient que par ces noms nous voulons dire simplement que Dieu est un être vivant et intelligent. Nous savons en effet, nous autres Chrétiens, que toutes choses ont été produites par un être distinct des autres ; car il répugne qu’aucune créature puisse se donner à elle-même l’existence. Nous avons donc inféré de là qu’il existe un être parfaitement distinct des créatures, qui a tout créé et qui n’a pas été créé lui-même.

Nous voyons ensuite que les êtres se divisent en deux classes :

  1. xxxiv, 23. Vrai texte (d’après Flügel) : arabe = ou nous ou vous… Texte du ms. : arabe = ou moi ou vous…
  2. i, 6. — D’après les savants musulmans, ceux que Dieu « a comblés de ses bienfaits » sont évidemment les disciples de Mohammad ; ceux « qui s’égarent », les Chrétiens ; et ceux « qui ont encouru la colère divine », les Juifs. L’expression du Coran contre les fils d’Israël ressemble fort à celle de saint Paul, I Thess., c. iii, v. 16 : « Pervenit enim ira Dei super illos usque in finem ». — arabe = le droit sentier ; ces mots dans le Coran désignent l’islamisme.

    Le commentaire de Ràheb ne concorde donc pas avec l’explication communément admise. Pour le culte des idoles attribué aux Sabéens ou Soubbas, voir les articles du R. P. Anastase dans le Machriq.