92 LA REVUE DE L'ART Arius, les philosophes que Dante appelle des insensés. A droite et à gauche sont assis les Évangélistes et les Prophètes, représentation réelle du credo dantesque. Tout autour de saint Thomas, auteur des preuves physiques et métaphysiques de l'existence de Dieu, se tiennent aussi, dans l'ordre où ils furent rappelés par Dante, les Prophètes, les auteurs des Psaumes, des Évangiles, des Épîtres, qui forment un choeur, la couronne de saint Thomas d'Aquin. En bas se groupent sur les bancs les sept Sciences théo- logiques , Droit civil, Droit canon, Physique, Histoire, Dogmatique, Éthique, Mystique : et les sept Arts libéraux constituant le trivium et le quadrivium, Grammaire, Rhétorique, Dialectique, puis Musique, Astro- nomie, Géométrie et Arithmétique. Sous le trône des Sciences et des Arts, s'asseyent les Sages qui les ont représentés : dans les triangles qui sont au-dessus des niches des Mères de la Science, se voient, en autant de tondi, les sept Planètes, et sept autres représentations qui ne sont pas déter- minées avec certitude. Dans toute cette composition, le peintre a réuni des motifs que l'art avait déjà élaborés, et pour exprimer le recueillement des Sages en train d'écrire, il a chaque fois répété l'attitude que l'on donne d'habitude aux Évangélistes. La composition peut donc être considérée comme la réunion des allégories septennaires, la reprise en une grandiose mosaïque des cycles figurés du moyen âge. On ne peut en dire autant de la grande composition qui fait face à celle-ci sur le mur est de la chapelle. Le peintre, me semble-t -il, a voulu exprimer un concept symbolique : le monde n'avait pu être corrigé ni par la venue des prophètes, ni par la présence du Christ, ni par les apôtres, ni par les saints qui les suivirent. Saint Dominique, choisi par Dieu pour la grande mission de souverain prédicateur de la pénitence, vint au secours de l'Église. C'est d'abord l'Église elle-même qui est repré- sentée : sur elle veillent le pape, l'empereur, le roi, le comte palatin, le cardinal, l'évêque et l'abbé, enfin toute la hiérarchie civile et ecclésias- tique. Aux pieds du pape et de l'empereur reposent des agneaux que gardent des chiens tachetés de blanc et de noir (Domini canes). Cependant la doctrine des Dominicains est exposée à la foule par les frères de l'Ordre, et saint Dominique discute avec les hérétiques, tandis que les chiens tachetés de blanc et de noir dévorent les loups meurtriers des agneaux. Pendant ce temps montent, par les routes de la montagne, quelques jeunes
