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102 LA REVUE DE L'ART chrétiens, dont les oeuvres méritent l'attention. Moins franc, Schadow (1789-1862) imita les Sassoferrato et les Carlo Dolci, sans réussir à égaler leur technique. Pendant soixante ans, l'école de Dusseldorf. dont il devint le directeur après la retraite de Cornélius, a répandu par toute l'Europe des images de piété où une facture habilement conventionnelle donne à la foule l'illusion du talent, une certaine grâce des poses, une certaine suavité des visages, l'illusion du mysticisme. Aux Nazaréens on peut opposer les romantiques. Comme le culte d'Overbeck était le catholicisme, le culte de Schnorr von Carolsfeld (1794- 1872) fut l'Allemagne. Ce qu'il aimait surtout de sa patrie, c'étaient les légendes, et les Niebelungen du palais de Munich sont restés comme son oeuvre maîtresse. Mais les imitateurs de Schnorr, gâtés par ceux d'Over- beck, voulurent faire de l'art populaire. Comme on peignait des tableaux de piété pour la foule, on peignit des tableaux de légende pour la foule, rien n'y pouvait être trop allemand, trop moyenàgeux, trop fantastique ; dans des paysages sombres apparaissaient des fées, des ondines, des nains, des sorcières, et ce faux romantisme a contribué, autant que la religiosité de Dusseldorf. à compromettre l'art allemand aux yeux de l'étranger. Cependant, il faut faire exception pour Maurice de Schwind (1804-1871), un artiste autrichien plein de verve, d'imagination et d'esprit, fin observateur, habile à dessiner des types et charmant décorateur, dont quelques arrangements sont exquis. II La décadence de l'école nazaréenne et de l'école romantique fit com- prendre le danger de se consacrer à un art purement idéaliste quand les temps d'ardeur et de foi avaient disparu. Mais les traditions idéalistes étaient trop fortes pour que l'on pût s'en détacher complètement. Les esthéticiens cherchèrent dans la philosophie de Hegel une doctrine de conciliation ; ils proposèrent à l'art de représenter les grandes scènes de l'histoire humaine, qui sont comme autant d'affirmations solennelles de l'idéal divin : un pareil but n'était-il pas aussi élevé que celui de Cornélius et d'Overbeck? et cependant, les sujets proposés étaient plus susceptibles d'être reproduits par la peinture ; on pouvait placer de pareilles scènes