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116 LA REVUE DE L'ART grave Frédéric, et dont il s'était d'ailleurs nommé directeur, avant son départ pour l'Italie. Krafft ne fît pas un long séjour à Bayreuth : un an et demi, deux ans au plus. Renonçant aux 640 gulden de traitement que lui valaient ses sept leçons hebdomadaires, — trois « sur le jeu des muscles » et quatre sur la peinture, — il alla, comme Roslin, faire un voyage en Italie (1764-1765). De retour à Bayreuth, il n'y resta que peu de temps ; en 1767, il quitta défini- tivement la cour du margrave pour celle de Stanislas-Auguste, qui le man- dait à Varsovie. Est-ce aux préoccupations du moment qu'il faut attribuer le peu de bruit que fit le séjour de notre artiste à la cour du roi de Pologne ? Est-ce seulement à sa manière de vivre ? Il serait difficile de le dire. Ce qui ne laisse pas d'étonner, c'est que le souvenir se soit perdu en Pologne, non seulement de la durée de ce séjour, mais encore des oeuvres, pour- tant considérables, qu'il exécuta ; les compatriotes du peintre, mieux renseignés, fixent son retour à Stockholm au mois de novembre 1768 ; il aurait donc passé au moins une année entière à Varsovie. Ce temps fut bien employé, car Krafft enrichit la galerie royale de toute une série de portraits de la famille des Poniatowski et des intimes du roi. En même temps, il copiait pour Stanislas-Auguste diverses scènes mythologiques et un bon nombre de tableaux de genre et faisait des portraits : deux de ces derniers, qui représentaient le roi lui-même, furent offerts au prince-évêque de Warmie, Ignace Krasicki, dont la galerie était célèbre. Rentré à Stockholm après vingt et un ans d'absence, il ne tarda pas à se voir fort recherché et ne cessa de l'être jusqu'à sa mort, survenue le 7 novembre 1793. C'est que, parti de l'atelier de Scheffel, tout imprégné de la pompe aca- démique, et des artifices d'école, il revenait métamorphosé, ayant-échange, dans l'atelier de Roslin, les lourdeurs germaniques contre la légèreté française. Vivacité d'allure, amabilité gracieuse, recherche de l'élégance et de la distinction, jeux d'étoffes aux couleurs variées, Roslin s'était vite approprié ces qualités françaises, et Krafft les apprit de lui, dans la mesure où le lui permettait son tempérament, toujours un peu bourgeois. Com- ment, après cela, n'aurait-il pas séduit ses compatriotes ? Et comment