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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/173

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138 LA REVUE DE L'ART d'après la miniature du Jugement dernier. Les autres feuillets, depuis le folio 206 jusqu'au folio 435 (430 dans l'état actuel du manuscrit), répètent indéfiniment les rinceaux qui bariolaient les pages les moins ornées de la première moitié du manuscrit. Mais, dans la seconde moitié, les lettrines, au nombre de cent cinquante, contiennent chacune, soit une figure vue à mi-corps, soit un groupe de têtes, soit plus rarement une scène. Il est possible que ces lettrines soient l'oeuvre de l'aide qui a peint l'Assemblée des saints (f° 358 v°). Le miniaturiste s'est acquitté de sa tâche fastidieuse sans chercher à en animer la monotonie. Il n'a pas même songé à distin- guer l'un de l'autre les deux saints Louis, le prince d'Anjou, évêque de Toulouse, et le roi de France, dont les fêtes se suivent de près dans le missel romain ; il donne au roi (f° 335 v°), comme à l'évêque (f° 334), la mitre et la chape fleurdelisées. La part personnelle d'Attavante est très réduite dans cet énorme volume, qui dut être achevé en deux ans. Le maître n'a pas touché à la seconde moitié du missel ; dans la première, il s'est contenté de remplir de ses élégantes figurines la boucle de quelques lettres ornées. Les seules pages qui soient entièrement, peintes de sa main sont le frontispice, qu'il a signé, et la page initiale du Canon. Mais cinq feuillets du manuscrit ont disparu. Étaient-ils ornés '? A-t -on perdu avec eux une oeuvre de la main d'Attavante ou un ouvrage secon- daire de son atelier ? Avant de répondre à ces questions, il faudrait d'abord connaître les sujets des miniatures que portaient les feuillets manquants. On le peut, grâce à un document de comparaison qui permet d'arriver à la plus surprenante précision. Attavante commença en 1485, à peine deux ans après avoir achevé le missel de l'évêque de Dol, un second missel, qui était, destiné au roi de Hongrie, Mathias Corvin, et qui fut terminé dans l'atelier du miniaturiste florentin en 1487. Ce manuscrit, fut apporté dans les Pays-Bas par Marie d'Autriche, soeur de Charles-Quint. Il appartient aujourd'hui à la Biblio- thèque royale de Belgique 1. Lorsque Attavante a dirigé l'exécution du missel du roi de Hongrie, il 1. N° 449, ancien 9008. Le missel de Mathias Corvin est décrit, de façon très complète, dans le récent catalogue du P. Van den Gheyn (p. 277-279).