Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/192

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DEUX BIOGRAPHIES DE VERROCCHIO 153 que Mlle Cruttwell nous offre pour certaines. Verrocchio, d'après l'écrivain anglais, «n'a eu de supérieurs à lui, dans tout l'art de la Renaissance, que Donatello et Léonard, tant au point de vue de l'exactitude scientifique et, de l'habileté technique, qu'à celui de l'ampleur de la perception et de lu puissance do l'imagination » ; et Donatello lui-même, lorsque son Gattamelata se trouve confronté avec le Colleone de Verrocchio, finit.par être sacrifié à son génial successeur et, imitateur. Quant aux critiques qui, depuis Vasari jusqu'à Müntz, se sont risqués à contester l'immense valeur artistique de Verrocchio, l'énormilé de sa « puissance d'imagination », ou qui simplement ont loué, en les croyant de lui, des oeuvres que lui assignaitune tradition séculaire, Mlle Cruttwell n'a pas de termes assez forts pour leur témoigner sa dédaigneuse surprise: et tout cela donne à son livre un agrément particulier, sauf peut-être à nous gêner, par instants, pour prendre ce livre tout à fait au sérieux. Le livre de M. Reymond, lui, encore qu'il soit aussi un plaidoyer pour Verrocchio, n'a rien, fort heureusement, d'un réquisitoire. L'auteur, pour nous prouver les vertus artistiques de son client, n'éprouve pas le besoin de rabaisser les confrères de celui-ci, ni les critiques qui se sont trompés dans ce qu'ils ont dit de lui. Son unique objet est de nous faire connaître l'art de Verrocchio tel qu'il le conçoit: et il apporte à cette tâche tant d'érudition, une argumentation si solide et si persuasive, que son lecteur est naturellement tenté d'être de son avis. Mais, au reste, que l'on soit ou non de son avis sur tous les points, son petit livre est si rempli de faits et d'idées que personne ne pourra le lire sans en retirer une notion plus exacte de l'ensemble de cet art florentin de la Renaissance dont Verrocchio a été, incontestablement, l'un des repré- sentants les plus typiques et les plus curieux. C'est, en vérité, la Renaissance toute entière qui, par delà Verrocchio, est le véritable objet du livre de notre éminent col- laborateur; et les lecteurs de cette revue savent assez avec quelle sûreté d'érudition, avec quelle tendresse ardente et communicative, M. Reymond excelle à ressusciter, dans ses nuances les plus délicates, l'art, les moeurs, et toute la vie du quattrocento. T. W. LA REVUE DE L'ART. — XX. 20