Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/193

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NOTRE CONCOURS D'ORFÈVRERIE 1 L y a tantôt un an, ici-même, M. Linzeler recherchait les raisons du peu d'intérêt artistique que présente l'orfè- vrerie contemporaine. Rappelant les conditions meilleures d'isolement,de tranquillité et de foi artistique où travaillaient le moine du su0 siècle, dans sa cellule ou l'artisan de la Renais- sance dans son petit atelier de Florence ou d'Anvers, il pensait trouver ces raisons dans «l'influence qu'exerce, sur le développement de l'art, une société très fortement hiérarchisée et dominée par un esprit puissant ou un goût manifestementimposé ». C'est, en art, la théorie du « bon tyran », du mo- narque ayant du goût et l'imposant à l'esprit d'imitation et de courtisanerie de tout un pays. Cela se peut défendre. La France entière a imité à la fois les somptuosités de Versailles et la perruque de Louis XIV. Mais si le tyran n'a pas de goût, cela nous vaudra les pauvretés artistiques du second Empire et, pour tous les Français, les moustaches cirées de Napoléon III. Il semble donc que l'on se trompe ici et que l'on confond le mesquin recommen- cement de la mode avec l'éternelle évolution de l'art. Pour nous, ce n'est pas à l'organisation de notre société moderne qu'il faut attri- 1. On se rappelle les conditions de ce concours, dont le programme a paru dans la Revue du 10 janvier 1906 (t. XIX, p. 74). Conformément aux dispositions de ce programme, l'exposition publique a eu lieu dans la salle des abonnés du Figaro, mise obligeamment à notre disposition par notre excellent confrère. Le jury se composait de Mmes la comtesse Pierre de Cossé-Brissac, la duchesse d'Estissac, la comtesse Greffulhe, et de MM. le comte Guy de La Rochefoucauld, président; Germain Bapst; Bar- tholomé, statuaire; Besnard, peintre; Louis Bonnier, architecte du gouvernement: Jules Brateau, ciseleur; le comte de Bryas; Chaplain, graveur, membre de l'Institut; Jules Comte, directeur de la Revue de l'Art ancien et moderne; Fournier-Sarlovèze; Grandhomme, émailleur; Robert Linzeler. orfèvre; de Saint-Marceaux, statuaire, membre de l'Institut. Il a rendu son jugement, le 19 juin dernier. A la demande unanime de ses membres, M. Louis Bonnier a bien voulu se charser d'être son interprète et de résumer les diverses observations présentées; nos lecteurs nous sauront gré d'avoir mis sous leurs yeux cet intéressant rapport. — N.D.L.R.