166 LA REVUE DE L'ART Anthoine », dont le duc fut si satisfait qu'il le fit mettre tous les jours devant lui en son oratoire (11 novembre 1398 1). Mais, à ce moment, l'oeuvre de la Chartreuse était en pleine activité, et c'est à elle surtout que Maelweel se consacra. A peine établi à Dijon, il est chargé de faire, pour les autels de l'église, cinq nouveaux retables de grandes dimensions, dont le charpentier Denis Hobel lui fournira le bois, et le marchand Robin Gauthier la toile, « de lyn blanche, à fleur », pour couvrir les tables « et paindre sur ycelle toile ». Il peint, sur les murs de la chapelle Saint-Jean, des écussons aux armes de Bourgogne; sur ceux du parloir, huit écussons « portant entre autres armoi- ries, celles du duc, de la duchesse et de leur fils Jean, avec leurs devises », et, au-dessus de l'entrée du même local, une grande composition symbo- lique, consistant en écus de Bourgogne encadrés dans des tiges de houblon et des branches de chêne avec leurs glands, auxquelles sont suspendus des P et des M En 1399, il tombe assez gravement malade, mais sans rien perdre de son activité, car on le rencontre aussitôt après, travaillant à l'hôtel ducal de Conflans près Paris, à Arras, et de nouveau à Dijon (1402). Jean sans Peur, devenu duc, le retient à son service, en même temps que Claus de Werve, « tant pour la grant habilité et souffisance qui est en luy de son mestier, comme aussi pour parfaire les ouvraiges par lui encommenciez et nécessairement à faire ès Chartreux de Dijon ». Il mourut seulement le 12 mars 1415 - . Sa dernière oeuvre connue est un portrait de Jean sans Peur, destiné au roi de Portugal et terminé en 1412 3. Comme Beaumez, Maelweel avait son sceau, où son nom figure autour d'un écu chargé d'une tiercefeuille 4. Ses gages, de huit gros au début, furent élevés à douze gros, le 4 avril 1401, ce qui lui garantit une pension annuelle de près de 8.000 francs 5. Ni Sluter, ni Beaumez ne jouirent de pareils appointements. La faveur des ducs s'étendit même à sa famille et dura au delà de sa mort. J'ai raconté ailleurs comment Philippe le Hardi racheta Hermant et Jacquemin, les neveux de Maelweel, faits prisonniers 1. La date est celle du mandat de paiement. Cf. Monget, op. cit., t. 1, p. 287. 2. Correction à de La Borde, op. cit. t . I, p. 565, et Dehaisnes, op. cit. t. III, p. 501. 3. Voir les documents, qui ont permis de fixer cette chronologie, dans Monget, op. cit., t. I, p. 295-296, 335-336, 347 ; t. II, p. 21-23. 4. Empreinte ronde, en cire rouge, aux Archives départementalesde la Côte-d'Or, B. 387. 5. Archives départementales de la Côte-d'Or, B. 4450, fol. 30.
