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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/210

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LES PEINTRES DES DUCS DE BOURGOGNE 171 paroisse Saint-Jean, où il habitait 1. Bellechose subit le sort du sculpteur Claus de Werve et du maître-maçon Philippe Mideaul, ses contemporains. Son traitement, réduit des deux tiers par lettre patente du 15 mars 1427, ne lui fut même plus payé depuis 1430, et la faveur princière alla à deux artistes du nord, temporairement installés à Dijon, Hue de Boulogne et Jean de Maisoncelle 2. Ce fut celui-ci qui peignit, en 1436, le portrait de Philippe le Bon, revêtu du manteau et des insignes de la Toison d'or, destiné a prendre place à la Chartreuse, à côté de ceux de Jean sans Peur et de Philippe le Hardi. Tombé dans un état voisin de la misère, Bellechose demanda du travail à des particuliers, et c'est ainsi qu'au mois d'août 1429, il se chargea de peindre, pour l'église Saint-Michel de Dijon, une statue de saint Michel terrassant le démon et deux tableaux de bois, représentant, l'un l'Annonciation, l'autre le Christ au milieu des douze apôtres 3. Il faut croire que le profit fut maigre, car, dès cette époque, son nom est couché sur la liste des malheureux qui sollicitent de la chambre de ville de Dijon des exonérations d'impôts. En quelques lignes émouvantes, il expose qu'il est chargé d'enfants, « n'a plus de Mgr aucuns gages, mais seulement ce qu'il peut faire de ses bras, qui est petite chose», et l'on voit sa femme réduite, pour gagner sa vie et celle de sa petite famille, à vendre du sel et « d'autres petites danrées » qu'elle a pu acheter, grâce à la vente d'un petit héritage venant de sa mère 4. Aussi bien, Bellechose fut le dernier peintre-valet de chambre des ducs de Bourgogne en Bourgogne. Après sa mort, survenue entre 1440 et 1444 5, on ne connaît plus personne qui ait porté ce titre. L'atelier de sculpture subissait le même sort que l'atelier de peinture : pour les mêmes causes, il finissait au même instant 6. Nous venons de marquer les grandes étapes de la vie des peintres des ducs de Bourgogne, les sujets et les dates de leurs oeuvres notables. Toutefois, on se tromperait, si l'on croyait que leur métier fut de faire des tableaux. Tandis qu'ils en recevaient de temps à autre la commande, ils 1. Archives municipales de Dijon, L. 351, fo). 350, année 1410. 2. Monget, op. cit., t. II, p. 106, 109-110. — Maisoncelle est dans le Pas-de-Calais. 3. Archives départementalesde la Côte-d'Or, B. 11340, fol. 80 r°. 4. Voir Prost, art. cit., et Chabeuf, Réclamations en matière d'impôts, dans les Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire, t. VI, 1890, p. 39-45. 5. Exactement entre le 20 juillet 1440 et le 22 janvier 1444 (Monget, op. cit., t. II, p. 110). 6. Cf. Kleinclausz, Claus Sluler, p. 119 et suiv.