Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/211

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172 LA REVUE DE L'ART peignaient, sans discontinuer, des écussons armoriés, des étendards barrés de devises, des panonceaux, des guidons, des harnais de joute, des car- rosses, des cierges, des étoffes, des statues. Olivier de la Marche, qui, en sa qualité de maître de l'hôtel ducal, savait à quoi s'en tenir sur ce sujet, ne s'y est point trompé. Il classe les peintres parmi les valets de chambre, à la suite des tailleurs, des couturiers et des fourreurs, et résume leur fonction en ces mots : «  Les painctres font les cottes d'armes, bannières et estandarts 1 ». Aucun des maîtres dont nous venons de parler n'a failli à ces besognes. Jean de Beaumez, avant de commencer les travaux de la Chartreuse, a peint des étoffes, une Vierge, des harnais de joule pour le duc, trois dou- zaines de peinions et deux mille panonceaux « vermeils, semés de houppes blanches encouhées d'or », pour les sergents d'armes et les archers de la garde d'honneur : il y ajoute, en 1388, un carrosse pour les dames d'atour de la duchesse, et, en 1389, «la façon de devises en batture d'or», ainsi que la peinture des trois slalues de Notre-Dame, de saint Jean-Baptiste et de saint Antoine, par Claus Sluter-. Jean Maelweel reçoit quarante écus d'or, pour avoir fait plusieurs harnais de joute destinés à Jean sans Peur et à ses officiers, à l'occasion des noces du duc de Touraine, à Compiègne, en 1406 3 ; mais, surtout, il est le peintre des monuments de la Chartreuse, du puits des Prophètes et du tombeau de Philippe le Hardi 4. Et quant à Bellechose, nul n'a été employé plus que lui à ces besognes secondaires : il a peint et doré des bannières pour les tours du château de Talant, des bannerettes pour les louvres du palais ducal et trois statues mises à la porte de ce palais, quarante-six écussons pour les cierges du grand-autel et les torches de la chapelle ardente de Jean sans Peur, des carrosses pour le mariage d'Agnès de Bourgogne, soeur de Philippe le Bon, avec le duc Charles de Bourbon, etc. 5 Il ne s'agit, en tout cela, que d'accessoires destinés à rehausser la splendeur de la cour. On peignait avec un soin tout aussi grand le cadre dans lequel évoluaient les ducs et leur noblesse. Les appartements ducaux, 1. État de la maison des ducs de Bourgogne, p. XIX. 2. Monget, op. cit., t. I, p. 116-117 (années 1379-1383); p. 133, 194, 199. 3. De La Borde, op. cit., p. 17. 4. V. Kleinclausz, op. cit., p. 80 et suiv. 5. Monget, op. cit., t. 11, p. 25, 59, 105-106.