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180 LA REVUE DE L'ART dans sa collection. Il avait retrouvé des épaves de la galerie des Gouffier un peu partout, chez le curé d'Oiron, chez un M. Desroches, et surtout chez l'ancien concierge du château. En collectionneur avisé, sans risquer lui-même des offres, il avait confié ses intérêts à ses bons amis les béné- dictins de Saint-Jouin qui se montrèrent d'étonnants rabatteurs. Gaignières n'avait pas encore quitté la Touraine, le 1er décembre 1699, qu'un, des religieux, dom Charles Conrade, lui annonçait l'envoi d'une pleine boîte de portraits, parmi lesquels un François 1er et un Connétable de Bourbon, cédés par le doyen d'Oiron. Le 28 janvier 1700, nouvelle lettre et nouvelle expédition : Je ne scai, monsieur, si les trois portraits de La Palisse, de George et de Pierre d'Amboise, que je vous ai envoie, il y a environ trois mois, seront arrivez heureuse- ment à l'hôtel de Guise... ? J'allai hier à la chasse pour vous à Oyron : j'y fis capture de huit portraits, dont voici les noms : Marguerite de Valois, soeur de François 1er ; la Princesse d'Orange, fille du duc de Saxe ; Artus de Gouffier; Héleine de Genlis, grande maîtresse de France ; Marie, fille du roi de Sicile, femme de Charles VII, morte à Meuns ; une dame de Canaple ; une dame à ce qu'on croit d'Harcourt, qui a la face un peu effacée, et une Françoise de Bretagne, grande écuière de France... Les principaux et les meilleurs m'ont été donnez par Mr Desroches, qui me demande pour toute récom- pense quelques livres curieux, entre autres le Télémaque attribué à Mr de Cambray : les autres m'ont coûté peu de choses. Trois mois plus tard, dom Conrade fait une vraie trouvaille chez l'an- cien concierge du château : J'allai hier (23 mars 1700) à Oyron pour faire compliment à Madame de Montespan qui est devenue dame de cette belle maison et avec laquelle nous avons quelques affaires à l'occasion de cette vente. J'allai donc chez Mr Paulin, autrefois concierge, et chez qui sont les vingt tableaux et le Petit enfant qui tient la raquette. Je lui offris vingt francs et ensuite vingt cinq de tous ses tableaux : il en veut absolument quarante sous de la pièce, c'est à dire quarante francs des vingt- La demande ne pouvait décourager Gaignières. Le marché se conclut ; le 15 avril, le messager de Thouars à Paris emportait les peintures : J'envoiai à Oiron pour avoir les vingt tableaux... Celui qui fut chargé de la com- mission joua si bien son rôle qu'il les a eu pour dix écus, et même un vingt unième par dessus le marché, qui est un Duc de Bourgogne. Guillaume de Montmorenci est brisé en deux, aussi bien que Béthune, que vous reconnaîtrezparce qu'il est le plus petit de tous... Vous trouverez encore une Polignac, vicomtesse de Turenne, et une espèce de