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LES PEINTURES DU CHATEAU D'OIRON 179 Plus dans la chapelle haute, il y a deux cent douze tableaux, tant grands que petits, en ce compris un Si Gérosme au désert, un ST Jean QU désert, une Descente de la Croix, et deux tableaux qui sont de la Vierge 1. Quel paradis pour un collectionneur ! Malheureusement, quand G aiguières en vit s'ouvrir les portes, le château avait subi de profonds bouleversements. Avant de s'ensevelir dans la retraite, le mystique duc de Roannez, l'ami de Pascal, avait vendu le domaine à son beau-frère, le maréchal de la Feuillade. Le fastueux courtisan s'était empressé de le mettre au goût de Versailles. Les riches mais lourds ornements du jour, caissons, moulures, guirlandes, avaient remplacé les élégances de la Renaissance et fait reléguer au grenier les peintures des Gouffier, monuments surannés de notre vieil art national. Seuls les tableaux de la chapelle avaient trouvé grâce. Gaignières put en faire dessiner quelques-uns par son peintre Boudan. Il prit copie des deux volets du retable représentant. Claude Gouffier, le grand-écuyer, agenouillé près de l'évêque son patron, et Françoise de Brosse, sa femme, acompagnée par saint François d'Assise. Puis, il releva le croquis d'un tableau fixé au mur, où se voyait Artus Gouffier, présenté par saint Claude et encadré d'une épitaphe assez alambiquée pour qu'on y pût reconnaître la façon de Jehan Bouchet : Celui duquel est le présentateur Monsieur saint Claude, c'est Artus de Boisy, En son vivant grand maître sans rigueur. Dévotement prions pour lui 2 . Après quoi, il dit adieu à Oiron et continua son excursion archéo- logique par Thouars, Loudun et la Touraine, non sans avoir complété son album par la vue générale du château, les dessins des tombeaux, et les croquis d'une tapisserie et d'une reliure curieuses. Le butin paraît maigre. Mais Gaignières avait ses raisons pour limiter le nombre de ses copies : il espérait bien faire entrer les originaux 1. Inventaire dressé du 10 au 28 décembre 1654... en présence de M. Chevreau, intendant..., publ. par l'abbé Bosseboeuf(Oiron, le château et la collégiale. Tours, 1889, in-8°), d'après une copie prise dans le chartrier d'Oiron, par M. N. Daviau, architecte à Chinon (original perdu). 2. Cabinet, des Estampes, Recueils Gaignières. Pe 7, fol. 6 et 7. Oa 16, fol. 32.