Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

184 LA REVUE DE L'ART de Colbert de Torcy, ministre qui avait alors dans son département le cabinet du roi. Grâce à cette prévoyante empreinte, on peut reconnaître au Louvre : Claude de Beaune 1

à Versailles . Claude et Guillaume

Gouffier, Henri de Guise le Balafré 2, et surtout, à la Bibliothèque natio- nale, le fameux portrait du Roy Jean, la perle des peintures que Gaignières avait tirées du château. Comment ce primitif inestimable, que le Mercure de 1717 qualifiait, déjà de « plus ancien tableau qui nous soit resté en France », était-il venu s'échouer à Oiron ? Ch. de Grandmaison et M. H. Bouchot supposent très justement qu'Artus Gouffier l'avait sauvé du dépècement de l'hôtel Saint- Paul, où il faisait partie d'un quadriptyque fermant, avec trois autres por- traits : Edouard III d'Angleterre, Charles IV, empereur d'Allemagne, et Charles V, alors duc de Normandie. Mais ils n'apportent aucune preuve permettant d'identifier le panneau peint vers 1359 par Girard d'Orléans avec le portrait racheté par dom Conrade le 15 avril 1699. Plus heureux que ces deux érudits, nous pensons lever toute objection, en rappelant le passage de l'inventaire de 1654, qui relate, dans la chambre de l'intendant d'Oiron, avec quatre tableaux de Le Sage, « un où est quatre visages ». Nous n'hésitons pas, pour notre part, à y reconnaître le quadriptyque de l'hôtel Saint-Paul 3. Mais cette constatation ne nous rend pas les trois autres « visages » qui accompagnaient le roi Jean, ni cet Enfant à la raquette, auquel tenait tant Gaignières, et qui pourrait bien être l'original du crayon de Castle Howard, représentant Charles-Maximilien, duc d'Orléans, serrant pré- cieusement sa raquette sur sa poitrine d'enfant 4. Peut-être un jour les retrouvera-t-on dans quelque grenier du Poitou, comme tant d'autres épaves que le temps découvre, après les avoir ensevelies sous la pous- sière. 1. N° 125. 2. N°s 3225, 3142, 3230. 3. H. Bouchot, Catalogue de l'Exposition des primitifs français, 1904. — Ch. de Grandmaison, loc. cit. — Faut-il voir, dans ces quatre tableaux de Le Sage, des oeuvres de ce Jehan Lesaige, valet de chambre et peintre de Louis XI, dont A. de Montaiglon n'avait retrouvé que le nom (Archives de l'Art français, 2e série, t. II, p. 14-16) ? 4. Three hundred French portraits by Clouel (Londres, 1875. 2 vol. in-fol.). Nous remercions M. Bouchot, qui nous a suggéré ce rapprochement et nous a fourni, au cours de nos recherches, de précieuses indications.