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LE TRI-CENTENAIRE DE REMBRANDT 193 de ce qu'il avait a peindre, il l'enrichissait, tout naturellement, de sa richesse intérieure, et s'il transformait tant la réalité, c'est simplement qu'il était poète. Parmi tant d'hommages rendus à Rembrandt, il semble que le meilleur eût été de réunir un ensemble aussi complet que possible de ses oeuvres, et de donner ainsi à tous l'occasion d'entrer dans son intimité et de le mieux comprendre. On eût aimé à compléter devant ses tableaux rassemblés l'image qu'on se l'ait de lui. Mais peut-être n'était-il pas possible de recommencer, à si peu d'intervalle, l'exposition de 1898; et peut-être, après tout, ne faut-il rien regretter : de tels plaisirs doivent rester rares. Ce qui nous est montré cette année est d'ailleurs fort intéressant. A Leyde, un comité composé de MM. Brédius, Martin, Hofstede de Groot et Over- voorde, a réuni dans la principale salle du musée, l'ancien Lakenhal (Halle aux draps), une vingtaine de Rembrandts et une cinquantaine de peintures leydoises du XVIIe siècle. Dans une salle adjacente, et à l'Aca- démie (où l'on a placé aussi une suite de photographies, par ordre chro- nologique, de toutes les peintures du maître) sont exposés de très beaux dessins. A Amsterdam, MM. Frederik Muller ont installé, avec un goût parfait, dans leur galerie de la Doelenstraat, des oeuvres hollandaises du XVIIe siècle, dont plusieurs de Rembrandt. De nombreux collectionneurs ont répondu à leur appel. J'aurais voulu insister, comme ils mériteraient qu'on le fît, sur le portrait de Keyzer envoyé par M. van Heemstede, sur la nature morte de Cuyp, à Mme Backer, sur le portrait de famille de Molenaer, à M. le Jhr. van Loon, un chef-d'oeuvre du peintre, que nous reproduisons ici, sur les Brouwer, les Hais, les van der Neer, les van de Capelle — et -sur bien d'autres choses encore. Seulement, ce serait faire, en quelque sorte, toute l'histoire de l'art hollandais, et la faire sans beaucoup de suite ; j'aime mieux, puisque sur ces points les deux expositions se complètent, m'en tenir à Rembrandt et à la peinture leydoise. Plusieurs des peintures de Rembrandt qui figurent aux expositions sont très belles; quelques-unes paraissent en public pour la première fois ; dans l'ensemble, elles donnent de son oeuvre une vue, forcément très incom- plète, mais assez étendue. À Amsterdam, le Grand-Prêtrede M. Lehmann, le Rembrandt riant de M. Warneck, à Leyde, le Rembrandt la bouche LA REVUE DE L'ART. — XX. 25