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220 LA REVUE DE L'ART comme dans la composition de Pesellino; la Renommée trône également à l'intérieur d'un tondo, transportée par des éléphants, qui se retrouvent au Quattrocento, dans d'autres représentations du même Triomphe : la Divi- nité se montre avec la Trinité dressée sur un char, entre le soleil et la lune, les anges, les patriarches, les saints et les quatre symboles des Évangélistes, qu'il est fréquent de voir figurer dans toutes les compositions de ce genre. On ferme le ciel sur les représentationsdes Triomphes, comme on l'ouvre dans le Quattrocento. L'idée du Triomphe était devenue si familière à l'art figuratif, que Piero délia Francesca, en peignant les merveilleux petits tableaux qui se trouvent aujourd'hui à la galerie des Offices, et qui sont les portraits de Frédéric de Montefeltre et de Ginevra sa femme, représente, au revers de ces très nobles images, les Vertus du prince et de la princesse, sur des chars triomphaux, représentation qui n'est pas sans avoir quelque rapport avec le type traditionnel des Triomphes à la Pétrarque. Et là où Pétrarque laissa tantde traces de lui-même, dans cette Padoue où il donnal'élan aux recherches des humanistes, grandit Mantegna, qui évoqua l'Antiquité dans son Triomphe de César, jadis à la cour des Gonzagues à Mantoue, aujourd'hui à Hampton Court. On y voit s'avancer des trompettes avec leurs longs instruments, des porte-drapeaux avec l'image des cités vaincues, puis les étendards que surmontent les statues de la Fortune, le paon symbole de l'éternité, les divinités bienfaisantes ; suivent ceux qui portent les dépouilles des vain- cus, statues, bustes, trésors artistiques ; puis un char sur lequel sont accumulés les trophées, les armes, les cuirasses, les heaumes, les boucliers deux par deux ; enfin une fercula ou brancard, que soutiennent des bras puissants, avec des vases d'or, des vases ornés de figures de toute sorte. On voit arriver pour le sacrifice les génisses blanches comme neige, parées de fleurs, accompagnées des victimaires, guidées par des musiciens à longues trompettes retentissantes, attelées à un char sur lequel sont placés des lampadaires qui répandent les parfums s'exlialant de leurs cassolettes fumantes. Puis ce sont des éléphants qui' s'avancent, la tête chargée de lauriers, recouverts de caparaçons d'Orient; de nouveau des porteurs de trophées, de cistes, de cuirasses royales. Viennent ensuite, tristes, devant les palais de Rome, les prisonniers de guerre qu'attend la prison Mamertine, vieillards, femmes, enfants, au milieu des enseignes de